Êtes-vous déçu ou résigné?
de Foy

Je vous pose la question: êtes-vous déçu ou résigné? Personnellement, j’avais prédit une victoire du Canadien en six matchs, mais je n’y croyais pas très fort. Je me console en me disant que mes 11 collègues du Journal ont fait patate comme moi dans leurs prédictions.
Ça m’apprendra à ne pas m’être fié à ma première impression. Le Canadien ne pouvait écarter les Rangers avec une ligne de centre aussi déficiente et une attaque aussi moche.
Comment voulez-vous gagner quand vous maintenez une moyenne de buts marqués inférieure à deux buts par match?
S’il n’y avait que ça.
Les petits attaquants du Tricolore se sont rondement fait bousculer.
Brendan Gallagher a beau donner tout ce qu’il a dans le corps, ça use son homme. Paul Byron s’est retrouvé souvent les quatre fers en l’air. On l’a moins vu qu’en saison régulière.
Alexander Radulov et Artturi Lehkonen ont été de loin les meilleurs attaquants du Canadien, mais ils auraient eu besoin d’aide.
30 ans que ça dure
Carey Price a beau dire, de son côté, qu’il n’a pas réussi les arrêts importants quand son équipe en avait besoin, il n’avait aucune marge d’erreur.
Ainsi vont les choses chez le Canadien depuis 30 ans.
De Patrick Roy (cinq fois) à Price (sept fois), en passant par Jeff Hackett (deux fois), José Théodore (quatre fois), Cristobal Huet (une fois) et Jaroslav Halak (une fois), la coupe Molson a été remportée à 20 reprises par des gardiens au cours de cette période.
Et vous aurez remarqué qu’il se trouve des gardiens qui ont connu des carrières bien ordinaires dans ce lot.
Il faudrait d’ailleurs détruire un mythe, ici. Sans rien enlever à Roy, que l’on tient à juste titre comme le héros des deux dernières conquêtes de la coupe de cette organisation, il était appuyé par une bien meilleure offensive.
Et, pour en finir avec ce sujet à la mode à Montréal, Dominik Hasek a remporté la coupe Stanley avec les Red Wings de Detroit et non pas avec les Sabres de Buffalo, où il représentait à lui seul le système de jeu, comme l’avait dit un jour à la blague son coéquipier Donald Audette.
Tout ça pour dire que rejeter l’élimination du Canadien sur les épaules de Price est trop facile.
Une force de p.k. qui manque
Le problème se trouve du côté de l’offensive, et ça commence avec la relance.
Le départ de P.K. Subban s’est fait sentir à ce chapitre. Nathan Beaulieu a été utilisé aux côtés de Shea Weber au début de la saison dans l’espoir qu’il pourrait faire ce travail. L’expérience a été un fiasco.
Aujourd’hui, on se demande si le jeune défenseur a encore un avenir à Montréal.
On se pose la même question au sujet d’Alex Galchenyuk, incapable de conserver un niveau de constance acceptable.
La tenue de ces deux jeunes est décevante. On les voyait à leurs débuts à Montréal comme de futurs piliers de l’équipe, mais ils n’ont pas acquis beaucoup de maturité sur la glace.
Des histoires circulent aussi à leur sujet sur leur comportement à l’extérieur de la patinoire.
En baisse au mauvais moment
Passons au cas de Max Pacioretty.
Sa baisse de régime, à vrai dire, a commencé en mars. Il n’a marqué que 4 buts à ses 17 derniers matchs réguliers durant ce mois avant d’être tenu en échec dans les six rencontres face aux Rangers.
Quatre buts, donc, à ses 23 derniers matchs.
Jouait-il blessé?
Peut-être.
Mais ses antécédents montrent qu’il est moins visible en séries. Pour sa défense, il lui faut un centre capable de lui mettre la rondelle sur la palette. Car Pacioretty est un franc-tireur avant tout, pas un attaquant de puissance.
Le Canadien n’a pas eu de véritable joueur de centre numéro un depuis Vincent Damphousse.
Ça fait un sacré bail!
Cette année encore, le Tricolore n’avait pas les effectifs pour former deux bons premiers trios.
Ça fait beaucoup de choses à penser pour Marc Bergevin.
Gros été en perspective
Marc Bergevin aura plusieurs dossiers à régler au cours des prochains mois.
La situation voudrait qu’il accorde un nouveau contrat à Alexander Radulov, mais quelles seront ses exigences?
Bergevin peut-il courir la chance d’offrir une entente de cinq ans au combatif attaquant?
Que fera-t-il d’Alex Galchenyuk et de Nathan Beaulieu, qui seront pour leur part admissibles au statut de joueur autonome avec restrictions?
Des échanges ne sont pas impossibles dans leur cas. Il y a plein d’équipes prêtes à négocier.
Andreï Markov désire quant à lui poursuivre sa carrière, et toujours à Montréal de préférence.
Mais que donne-t-on à un défenseur qui aura 39 ans à la fin de l’année?
Que fera Price ?
Enfin, le dossier le plus important est celui de Carey Price, dont le contrat arrivera à échéance à la fin de la prochaine saison.
Les négociations pourront commencer à partir du 1er juillet, mais le gardien aura tout le temps pour lui.
Il pourrait attendre de voir quels changements seront apportés à la formation au cours de l’été et patienter jusqu’à la fin de la prochaine campagne pour décider de son avenir à Montréal.
Le Canadien est une équipe vieillissante. Shea Weber fêtera ses 32 ans en septembre. Price franchira le cap de la trentaine en août. Pacioretty aura 29 ans à la fin de l’année.
Lorsqu’on y regarde de plus près, la coupe Stanley semble plus proche à Edmonton et à Toronto qu’à Montréal.
Clientèle patiente
Dans tout ça, il faut admirer la ferveur des amateurs.
La plus longue disette du Canadien sans championnat égale maintenant son total de coupes Stanley, qui s’élève à 24.
Pour ma part, je n’aurais jamais pensé que cela puisse se produire avec cette organisation. Mais c’est pourtant bien vrai.
L’automne venu, les gens reprendront le chemin du Centre Bell. Le rituel a la vie dure. Mais il y a longtemps que les fidèles méritent d’être récompensés.
Trop longtemps.