Salaire: une loi pour serrer la vis aux universités
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Après avoir promis un plan d’action, la ministre de l’Enseignement supérieur, Hélène David, a annoncé jeudi qu’elle allait plutôt déposer un projet de loi cet automne pour encadrer la rémunération des hauts dirigeants universitaires.
Au printemps dernier, la ministre David avait affirmé qu’elle voulait déposer rapidement un plan d’action, évoquant le début de l’automne 2016. Un an plus tard, Mme David prévoit maintenant légiférer pour uniformiser la rémunération des hauts dirigeants universitaires et les autres conditions qui l’entourent.
«Nous prendrons des mesures pour uniformiser la croissance des salaires, les conditions périphériques et les rémunérations d’après-mandat», a-t-elle affirmé jeudi, lors de l’étude des crédits en enseignement supérieur à l’Assemblée nationale.
Mme David a précisé que ces conditions varient «énormément d’une université à l’autre», évoquant la bonification des salaires après-mandat, les primes au rendement, les voitures de fonction, les adhésions à des clubs privés ou encore des logements de fonction ou des assurances privées.
La ministre a par ailleurs soulevé des disparités importantes dans la rémunération, affirmant que sur une période de cinq ans, un dirigeant avait vu son salaire augmenter de 15% alors que dans une autre université, le salaire du chef d’établissement avait plutôt baissé de 0,8% au cours de la même période.
Mme David veut aussi rendre ces informations moins opaques. «Nous analysons toutes les avenues pour qu’elles aient de nouvelles obligations en matière de transparence», a-t-elle ajouté.
À la lumière des travaux réalisés au cours des derniers mois par son ministère, Mme David a expliqué qu’elle dispose maintenant d’une «meilleure connaissance des enjeux» reliés à la rémunération des hauts dirigeants universitaires, ce qui l’a convaincue qu’une loi, et non pas uniquement un plan d’action, était nécessaire pour mettre de l’ordre dans les universités.
De son côté, le député caquiste Jean-François Roberge lui a reproché de s’être traîné les pieds dans ce dossier. La ministre David a reconnu que la grève des juristes de l’État avait ralenti les travaux. «On a manqué de juristes autour de nous pour mettre les choses en forme. C’est un peu plate, j’en suis désolée», a-t-elle lancé.
Le député péquiste Alexandre Cloutier est quant à lui revenu à la charge en réclamant à nouveau d’étendre les pouvoirs du Vérificateur général aux universités à charte, afin de s’assurer notamment qu’aucun boni illégal n’ait été versé aux cadres au cours des dernières années, comme ce fut le cas dans le réseau de l’Université du Québec. Cette pratique avait été mise au jour par le Vérificateur général.