5000 élèves de plus d’ici cinq ans feront déborder les écoles
La Commission scolaire de Montréal prévoit des problèmes d’infrastructures en 2021-2022
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Les écoles primaires de Montréal dépasseront jusqu’à deux fois leur capacité d’accueil en élèves dans cinq ans si rien ne change, met en garde un rapport de la Commission scolaire de Montréal.
«Je n’ai plus de marge de manœuvre. Il me reste six places de libres pour l’an prochain dans toute l’école. Les élèves passent déjà presque l’entièreté de leur journée dans la classe. On parle de la qualité de vie, à l’école, des élèves et des enseignants. Si je sacrifie ma salle des profs, ils vont aller où?» s’inquiète le directeur de l’école Marc-Favreau à Notre-Dame-de-Grâce, Éric Dion.
À cette école, l'orthophoniste doit travailler parfois dans la douche. Et l’an prochain, ce sera au tour de l’enseignante de musique de ne plus avoir de local. Elle devra donc sillonner l’établissement avec ses tambours et ses xylophones pour aller enseigner dans les différentes classes.
5000 élèves de plus
En 2021-2022, il y aura 5000 élèves de plus dans les écoles montréalaises, soit 1000 élèves de plus par année, selon les calculs de la CSDM dont Le Journal a obtenu copie. Ces chiffres s’appuient sur le nombre d’élèves et d’enfants de 0 à 4 ans qui vivent déjà dans le quartier. Ni la construction de nouveaux ensembles résidentiels ni l’arrivée d’immigrants ne sont tenues en compte.
«C’est très préoccupant, on ne peut plus dire que ce n’est qu’une responsabilité de la commission scolaire, il faut que ça devienne un enjeu collectif. C’est de plus en plus difficile de trouver des espaces, on manque de terrains et les délais de construction sont très longs», se désole Catherine Harel-Bourdon, présidente de la Commission scolaire de Montréal (CSDM).
Dans 23 secteurs sur les 24 définis par la commission scolaire, il manquera au moins un local pour scolariser les élèves. Seul le quartier Pointe-Saint-Charles dans le sud-ouest de Montréal aura encore de l’espace.
210 locaux manquants
Dans certains quartiers, il manquera plus de 20 et parfois même 30 locaux pour enseigner à tous ces enfants. En tout, il manquera au moins 210 classes, selon la CSDM. Dans le secteur de Westmount par exemple, le taux d’occupation pourrait atteindre 207 % puisqu’il n’y a qu’une école dans le quartier. Cette dernière étant déjà pleine, il faudrait en construire une autre pour répondre aux besoins. À Ahuntsic-Bordeaux, il y aura 5565 élèves à scolariser, 13 % de plus que d’espace disponible. Cela signifie qu’il faudra trouver un endroit pour enseigner à plus de 720 élèves.«On ne peut pas déplacer des enfants d’Ahuntsic à Pointe-Saint-Charles. On ne peut pas leur demander de passer trois heures par jour dans le transport. Ce n’est pas positif pour l’apprentissage», insiste Mme Harel-Bourdon.
Taux d’occupation selon les secteurs
Risque de se poursuivre au secondaire
La surpopulation dans les écoles primaires est «extrêmement préoccupante» et risque de se poursuivre au secondaire, s’inquiète la porte-parole du mouvement Je protège mon école publique.
«Ce qu'il y a de plus aberrant, c'est qu'on est encore en train de faire des projections pour le primaire, mais qu’il n’y a encore rien de prévu pour le secondaire alors que c’est la même vague qui va arriver. Il faut s’activer», soutient Pascale Grignon, qui représente des parents qui travaillent à améliorer le système scolaire public.
La mère de famille n'était pas surprise en voyant les chiffres compilés par la Commission scolaire de Montréal qui montre que tous les secteurs de la ville sauf un, n'auront pas assez de locaux pour scolariser tous les élèves présents dans son quartier dans cinq ans.
4 ans de débordement
«Ça fait déjà 4 ans que ça déborde. C'est décourageant de voir que nos élus, du scolaire ou du provincial, se sont tourné les pouces», s'indigne Mme Grignon.
Mme Grignon soutient que cette surpopulation dans les écoles a énormément de conséquences sur les élèves. Elle se désole que les nombreux enfants n’aient plus accès à un local pour la musique ou pour l’art ou encore pour rencontrer un spécialiste, et que deux ou même trois groupes se retrouvent dans le même gymnase.
«On enlève tout le côté amusant de l’école et on met des orthopédagogues dans des garde-robes. C’est ridicule. On déplace des enfants de quartiers, on leur enlève leur point d’ancrage, leur lien d’appartenance, tout ça met en jeu la réussite scolaire», soutient Mme Grignon.