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«Je suis fatigué, épuisé»

L’homme a été libéré sous caution vendredi après qu’il ait admis avoir étouffé sa femme atteinte de l’Alzheimer

GEN
Michel Cadotte, accusé du meurtre au deuxième degré de sa femme, a été libéré sous caution hier. Il était entre autres accompagné par sa sœur France (à gauche), chez qui il va résider, et son avocate Elfriede Duclervil. Photo Martin Alarie


« Je suis fatigué, épuisé », a déclaré Michel Cadotte à sa sortie du palais de justice vendredi. L’homme qui aurait tué par compassion sa femme atteinte d’Alzheimer venait alors d’être libéré sous caution.

« Je veux juste passer à la suite des choses [...] ça fait une couple de jours que je ne dors pas », a-t-il dit, au bord des larmes, alors qu’il était entouré de proches de sa famille et de celle de sa femme décédée.

Le geste qu’aurait posé Michel Cadotte en étouffant sa femme Jocelyne Lizotte avec un oreiller est le fruit d’« un lent travail de démolition » d’un aidant naturel au bout du rouleau, et non un geste prémédité ni un acte de désobéissance civile visant à ouvrir le débat sur l’aide médicale à mourir.

Le juge Michel Pennou a donc estimé que sa détention n’était pas nécessaire pour assurer la confiance du public en la justice et accepté sa remise en liberté provisoire, en échange d’une caution de 10 000 $.

Détenu depuis cinq mois

Michel Cadotte, 56 ans, est accusé de meurtre au second degré. Il était détenu depuis cinq mois, mais il pourra maintenant résider chez sa sœur France, présente à l’audition. Cette dernière s’est dite « très contente » de la décision à la sortie de la salle d’audience.

L’avocate de Michel Cadotte, Elfriede Duclervil, a d’ailleurs indiqué qu’il souhaitait profiter de sa remise en liberté pour se recueillir auprès de ses proches alors qu’il n’avait pas pu assister aux funérailles de son épouse.

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France Cadotte Photo Pierre-Paul Poulin

Le magistrat a aussi ordonné à Michel Cadotte d’obtenir de l’aide psychologique. Il a mis en relief la situation de détresse dans laquelle se trouvait l’accusé au moment des faits. Il avait alors pris trois médicaments, notamment pour des problèmes de dépression.

« J’ai sauté ma coche et elle n’est plus de ce monde », aurait-il dit à son beau-frère par message texte après avoir posé ce geste.

Sous la colère

Le juge a mentionné que Michel Cadotte avait agi sous la « colère de voir comment sa femme était traitée et négligée ».

Jocelyne Lizotte se trouvait au Centre d’hébergement Émilie-Gamelin depuis 2014 et souffrait d’Alzheimer depuis 2006. Elle n’avait plus aucune autonomie. Elle ne parlait plus, portait des couches et était sous contention en tout temps.

Son mari avait présenté une demande d’aide médicale à mourir en son nom, avec l’accord des membres de la famille Lizotte, fort d’un mandat d’inaptitude. Les autorités l’avaient toutefois refusée parce que sa femme ne pouvait pas y consentir.

Lors de son témoignage le mois dernier, Michel Cadotte avait déclaré avec émotion que sa femme était « morte dans la dignité ».

Le juge a d’ailleurs souligné que cette cause « est l’occasion d’une discussion sur l’actuel régime d’aide médicale à mourir et ses limites ».

L’enquête préliminaire de Michel Cadotte doit commencer le 25 juillet.

— Avec Michaël Nguyen

 

Ce qu’ils ont dit

« C’est pas encore fait, les foutus médecins sont pas trop pour ça, et moi je suis impulsif, ça fait deux ans que j’ai une seringue, et je vais finir par le faire moi-même si j’en trouve le courage. »

- Michel Cadotte, au fils de Jocelyne Lizotte, Danick Desautels

« Le débat public n’a pas de rôle à jouer dans la décision que le tribunal doit prendre. »

- Le juge Michel Pennou

« Le geste posé par Cadotte constitue [...] une forme de mauvais traitement à un époux et à une personne vulnérable. Toutefois, celui qui pose ce geste est aussi celui, le seul, qui a accompagné Lizotte tout au long de sa maladie, qui lui a apporté une aide et un soutien constant, durant neuf ans, au prix de son travail et de sa propre santé. »

- Le juge Michel Penno

« Non, fais pas ça, ça amènerait juste du trouble, moi je dis dans la vie que rien n’arrive pour rien, la Loi sur l’assistance est arrivée dernièrement, c’est un signe. »

- Danick Desautels, fils de Jocelyne Lizotte

« M. Cadotte est une personne très particulière qui est pris dans une cause, mais qui a une situation qui est propre à lui. C’est de ça qu’on traite aujourd’hui, et non de l’aide médicale à mourir. »

- L’avocate de Michel Cadotte, Elfriede Duclervil







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