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Gaétan Barrette : le saboteur

Periode des questions
Photo Simon Clark


L’actuel ministre de la Santé est en voie de devenir le plus grand allié des think tanks de droite avec ses réformes et sa centralisation excessive qui rendent de plus en plus inefficace notre système de santé. Le travail avait été amorcé par l’actuel premier ministre lorsqu’il était titulaire du ministère de la Santé et monsieur Barrette est en voie de réaliser leurs vieux rêves néolibéraux en instillant dans l’esprit de la population la nécessité de recourir au secteur privé pour retrouver l’efficacité.

L’Institut économique de Montréal (IEDM) et les chantres du néolibéralisme n’allaient pas manquer si belle occasion pour nous resservir la régulation naturelle du marché, la plus grande efficacité issue de la concurrence et la nécessité de mettre fin au monopole d’État en ouvrant la porte au secteur privé. Germain Belzile, un économiste rattaché à l’IEDM et à HEC-Montréal a même resservi les travaux de Friedrich Hayek, un économiste d’un autre siècle, pour renchérir sur la nécessité d’abandonner la santé au libre marché.

Le diagnostic, posé par Belzile sur l’inefficacité du système de santé hypercentralisé mis en place par le docteur Barrette, est fondé. Celui-ci en est presque rendu à se considérer comme le PDG de tous les centres de santé du Québec. Une telle situation ne peut humainement lui permettre d’être à l’écoute des besoins de toutes les régions et de leur population. L’entêtement du riche docteur aggrave la perception négative de la population à l’égard du système de santé et la convainc progressivement qu’elle n’en a pas pour son argent. De récents sondages montrent l’impatience de la population et son fort désir de changement allant jusqu’à ouvrir la voie au secteur privé. L’IEDM n’allait pas rater si belle occasion de capitaliser et de ressortir son crédo néolibéral.

Il existe un réel problème de distribution des services en santé et il est impératif que l’État se ressaisisse s’il veut contenir la gronde populaire. Malheureusement, ce n’est pas l’objectif des gouvernements libéraux qui ont régné sur le Québec depuis le début des années 2000. Contrairement à la perception que voudrait entretenir l’IEDM, la place du secteur privé dans le système de santé dépasse celle du secteur public en tenant compte de l’ensemble des composantes et le Québec ne s’en porte pas mieux. Le remède proposé par l’IEDM est strictement idéologique et ne ferait qu’aggraver les problèmes en ne s’attaquant pas à leur source.

Les faits allégués et l’enquête de la RAMQ sur l’Institut de l’œil des Laurentides devraient tempérer cette vision idyllique d’un secteur privé qui s’autorégule. Une plus grande cession au secteur privé avec le maintien d’un financement public n’a guère convaincu jusqu’à présent qu’il y aurait un meilleur contrôle des coûts pour les soins de santé et que ceux-ci seraient plus accessibles. Au contraire, dans une société de consommation avec des cliniques en quête de profits, ces entreprises vendront une panoplie de soins inutiles qui grèveront la poche de leurs patients et mèneront à des régimes d’assurance  supplétifs accessibles aux mieux nantis. C’est un retour en arrière de 100 ans que nous propose l’IEDM et qui bénéficierait aux grands trusts d’assureurs, aux riches médecins et aux gens aisés.

C’est l’universalité des soins qui est mise en cause par le sabotage actuel. Cette universalité est d’autant plus en péril quand l’IEDM voudrait confier au secteur privé l’arbitrage des décisions économiques à prendre en matière de santé. Belzile évoque la Suède pour accréditer sa thèse, mais ce sont les ratées américaines qu’il nous propose.







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