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Right fiers d’être des Dead Ducks?

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La semaine dernière, je vous disais que je trouvais absurde que le slogan des Jeux de la francophonie canadienne soit bilingue. En choisissant le slogan « Right fiers ! », les organisateurs des jeux à Moncton-Dieppe ont montré à quel point le français parlé dans certains coins du Canada est devenu un franglais bâtard, ni chair ni poisson. C’est quand même hallucinant que lors d’un événement qui rend hommage à la langue de Molière on utilise un slogan qui rend hommage à la langue de Shakespeare !

J’ai reçu beaucoup de courriels après la parution de cette chronique et j’aimerais y répondre.

La fierté à une langue

Certains m’écrivent pour me dire qu’au Québec on utilise plein d’anglicismes et qu’on n’est pas mieux que les Acadiens qui utilisent des expressions bilingues comme « right fiers ».

Oui, au Québec, on dit « checker », « canceler », « céduler »... mais on n’en fait pas le slogan officiel d’un événement national !

Les jeunes disent « full » à tout bout de champ. Mais je serais la première à dénoncer le fait qu’un événement national ait pour slogan « Full fier d’être Québécois ».

Les Jeux de la francophonie canadienne ne célèbrent pas le bilinguisme. Ils célèbrent le fait que de jeunes francophones vivent en français aux quatre coins du pays.

Donner un slogan bilingue à un événement francophone, c’est comme si un congrès de végétariens avait comme slogan : « Vive le tofu et le bœuf. » Les deux sont mutuellement exclusifs.

Le plus dommage, dans cette histoire, c’est que la langue française est riche, bourrée de poésie, d’images, d’évocation. Ce n’est pas comme si on avait été à court de mots pour parler de fierté...

Un Acadien m’a écrit pour défendre le français parlé dans son coin de pays. « Vous avez aucune perspective sur les défis que font face les organismes francophones à l’extérieur du Québec », m’a-t-il écrit. « Le Québec a une approche trop agressive quand ça vient à protéger sa langue. »

À lire votre texte bourré de tournures anglaises, je ne trouve pas, Monsieur, que le Québec soit trop agressif. Bien au contraire.

Dans ma chronique, je vous demandais si vous étiez surpris de ce choix de slogan. Un lecteur m’a répondu : « Je n’ai eu aucune surprise. J’ai pensé cependant que le titre approprié pour ce festival devrait plutôt être : Le Festival des Dead Ducks. Puis, je me suis dit que ça avait peut-être déjà été utilisé. »

Bien sûr, ce lecteur faisait référence à René Lévesque, qui a déjà déclaré que les francophones hors Québec étaient des dead ducks culturellement parlant.

Disons que lorsqu’on voit que certains francophones sont fiers de parler un mélange de français et d’anglais, on a une petite pensée pour René.

Le sport n’a pas de langue

Mais au-delà de tout ça, est-ce qu’on peut se poser la question de la pertinence même des Jeux de la francophonie canadienne ? Que des jeunes jouent au frisbee, au volleyball ou au basket en français ou en serbo-croate, ça change quoi ?

De plus, selon Radio-Canada, pendant les Jeux, qui se sont terminés samedi, un très grand nombre de jeunes se parlaient entre eux... en anglais.

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