La perte de l’odorat et l’Alzheimer seraient liées
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La difficulté à reconnaître des odeurs pourrait être un symptôme précurseur pour aider les scientifiques à suivre l’évolution de l’Alzheimer chez les personnes à risque de développer la maladie, selon une étude de l’Université McGill.
« C’est la première fois qu’on réussit à démontrer clairement qu’il existe un lien direct entre la perte de la capacité à reconnaître des odeurs et les biomarqueurs qui témoignent de l’évolution de la maladie », souligne Marie-Elyse Lafaille-Magnan, doctorante à l’Université McGill et auteure principale de l’étude.
Près de 300 personnes, d’un âge moyen de 63 ans et dont un parent avait souffert de la maladie, ont été soumises à des tests de reconnaissance d’odeurs, comme celles de la fumée, du citron et de la « gomme balloune ».
Ponctions lombaires
Également, 100 participants s’étaient portés volontaires pour subir « des ponctions lombaires pour mesurer les concentrations de protéines liées à l’Alzheimer dans le liquide céphalorachidien », précise Mme Lafaille-Magnan.
« Les sujets qui ont eu le plus de difficulté à reconnaître les odeurs étaient ceux dont les biomarqueurs de la maladie d’Alzheimer étaient les plus anormaux », indique Judes Poirier, coauteur de l’étude et directeur du Programme de recherche sur le vieillissement, la cognition et la maladie d’Alzheimer de l’Institut Douglas.
« Souvent, on remarquait chez les participants que leur cerveau avait de la difficulté à associer l’odeur à l’objet qu’il représentait. Par exemple, certains sentaient le citron, mais répondaient que c’était un autre fruit », poursuit M. Poirier.
La découverte est importante puisque les scientifiques veulent déceler la maladie avant que les premiers symptômes de pertes de mémoire apparaissent, puisque les lésions cérébrales sont trop avancées à ce stade.
Évolution
« Si on veut avoir un impact sur la personne, il faut s’y prendre avant. C’est là que le test d’odeurs devient intéressant », explique Judes Poirier.
Les tests de reconnaissance des odeurs pourraient aider les scientifiques à suivre l’évolution de la maladie chez les personnes à risque.
« Il n’y a aucun médicament qui permet de retarder la maladie ou de renverser la vapeur, indique M. Poirier. Nous en avons testé au moins 260 depuis 2003 et rien n’est satisfaisant. »
« Le test de reconnaissance d’odeurs pourrait aider à constater les effets des médicaments qui sont mis à l’essai », fait valoir Marie-Elyse Lafaille-Magnan.
On rappelle toutefois que la perte de l’odorat peut être liée à d’autres problèmes médicaux que l’Alzheimer et que d’autres recherches seront nécessaires pour confirmer la découverte.