Surdiagnostic: le ministre Barrette s’en remet aux médecins
Le ministre dit peu pouvoir contre le surdiagnostic
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Le ministre de la Santé Gaétan Barrette s’en remet principalement aux médecins pour remédier à la problématique du surdiagnostic dans le réseau de la santé, une position qui fait fulminer l’opposition, qui croit que le Québec n’a pas les moyens de ne pas récupérer les 600 M$ qui y sont liés.
Le ministre Barrette a admis en ouverture du congrès de l’Association médicale du Québec (AMQ) sur la prévention du surdiagnostic que la problématique était réelle, mais il a rapidement ajouté que le gouvernement pouvait bien peu pour régler le problème.
« Je n’ai pas le pouvoir de dire à un médecin d’offrir à un patient tel ou tel type de traitement. Je n’ai pas ce pouvoir-là, c’est par les guides de pratique. [...] Si le gouvernement commençait à s’ingérer dans la pratique quotidienne, plusieurs personnes seraient dans les rideaux », a estimé le ministre de la Santé.
600 M$ dans le vide?
Le ministre réfute également le montant de 2 G$ avancés par l’Association médicale du Québec pour chiffrer le surdiagnostic au Québec.
« C’est exagéré, c’est impossible. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’économies à faire, il y en a. Nous estimons qu’elles sont de l’ordre de 600 M$ », explique M. Barrette.
C’est ce chiffre qui a fait sursauter la critique officielle de l’opposition en santé, Diane Lamarre. La péquiste croit que le réseau de la santé n’a pas les moyens de laisser un tel montant sur la table « parce que le ministre refuse d’agir ».
« Encore une fois, il reconnaît l’enjeu, mais s’en remet à d’autres. Pas dans ma cour ! [...] Mais 600 M$, comment peut-il ne pas s’y intéresser. Il a aboli le commissaire à la santé pour 2 M$, mais là il laisse passer 600 M$, vous voyez bien que dans ses convictions profondes, il ne veut pas aller là », dénonce Mme Lamarre, qui propose un meilleur encadrement des pratiques par le gouvernement.
Courage politique
Heureux que Gaétan Barrette ait reconnu qu’une problématique de surdiagnostic existait bel et bien, le président de l’AMQ souhaite malgré tout voir une plus grande implication du gouvernement dans le dossier.
« Il faut comprendre que dans un système étatique comme le nôtre, il y a certaines balises qui n’ont pas été placées au niveau politique, et c’est ce qui doit être fait. Il faut avoir le courage politique de dire qu’il y a des balises et qu’on les place dans le système », affirme le Dr Hugo Viens.