Myopie chez les jeunes: la technologie en cause?
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MONTRÉAL - Des optométristes sonnent l'alarme parce qu'ils diagnostiquent de nombreux cas de myopie chez les enfants, des cas qui seraient de plus en plus souvent causés par notre mode de vie.
Violette a 12 ans. Elle rencontrait aujourd’hui le Dr Langis Michaud à l'école d'optométrie de l'Université de Montréal. Elle est myope. Elle avait 7 ans quand le diagnostic a été posé: «Un professeur avait remarqué que je plissais des yeux», raconte-t-elle.
«Elle se plaignait d'avoir mal à la tête, relate la maman de Violette, Roxane Lessard. Ça commençait et pourtant, on avait fait un examen quelques mois auparavant.»
La myopie n'est pas une maladie, mais un trouble de la vision caractérisé par une vision nette de près, mais floue de loin.
«Depuis les 20 dernières années, la myopie a doublé en Amérique du Nord, et plus ailleurs dans le monde. Les gens sont myopes plus tôt et sont plus myopes qu'avant», constate le président de l’Ordre des optométristes du Québec, le Dr Langis Michaud.
Notre mode de vie y serait pour quelque chose : «Plus de travail de proche, plus de lecture plus tôt. Les tablettes électroniques, le fait qu'on sollicite nos yeux tout et partout», explique le spécialiste.
«L'utilisation de téléphones intelligents et de tablettes a augmenté aussi, donc on se demande s'il n'y a pas une relation de cause à effet, mais c'est quelque chose qui est loin d'être prouvé», modère pour sa part le Dr Patrick Hamel, chef du département d’ophtalmologie au CHU Sainte-Justine.
Une chose est certaine, de façon générale, les jeunes jouent moins à l'extérieur.
«Le fait d'aller passer du temps à l'extérieur, à la lumière du jour, diminuerait le risque de développer la myopie», explique le Dr Hamel.
Avant, la myopie apparaissait chez les enfants de 13 ou 14 ans. Maintenant, on la constate souvent chez les enfants de moins de 10 ans.
Environ 80% de ce que les jeunes apprennent provient d'informations visuelles.
«Si les parents ont le moindre doute, même si leur enfant a moins d'un an, on les encourage à venir le plus vite possible, dit la Dre Marie-Ève Corbeil, optométriste et professeure à l’Université de Montréal. Plus on dépiste tôt les problèmes, meilleures sont les chances d'avoir une bonne récupération.»
Pour la myopie, il existe des traitements pour freiner la progression : «verres de contact spécialisés, rigides de nuit, souples de jour, ou des médicaments, de l'atropine essentiellement», énumère M. Michaud.
Au Québec, un enfant de 3 à 5 ans sur 10 a des problèmes de tous genres avec ses yeux. Deux enfants sur dix qui fréquentent l'école primaire font aussi face à des difficultés comme la myopie.
«Il faut s'en préoccuper, parce que ça coûte des milliards de dollars en productivité ou en termes de soins de santé directs», affirme le Dr Langis.
- D’après le reportage d’Harold Gagné