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Le citron qui vaut une fortune

Porsche Carrera Abarth Zagato

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Quand je m’attarde à ressasser mes souvenirs automobiles, il y en a un qui semble incrusté dans ma mémoire et qui ne la quittera que le jour où je serai affligé par l’Alzheimer (Dieu m’en garde).

Il s’agit de ce jour de l’été 73 où je fis l’acquisition de ce qui est devenu, à ce jour, la plus prisée et la plus chère des Porsche de collection, la Carrera Abarth Zagato, un coupé GT en aluminium retravaillé par la firme du même nom et dont la mécanique bénéficiait de ce que Porsche avait de mieux à offrir en matière de mécanique. 

Moins de 20 exemplaires de ce modèle avaient été fabriqués, en vue de participer à des courses d’endurance, telles les 24 Heures du Mans ou les 12 heures de Sebring en Floride. Sa rareté lui assurait déjà une certaine notoriété.

À l’époque toutefois, la folie des voitures de collection n’avait pas pris son envol, ce qui explique le coût assez modeste de cette Porsche dont j’avais remarqué une publicité dans les petites annonces de la revue Motor Trend.

 

En direct de la NASA

La voiture était offerte à 6500$, une aubaine dont je fis l’acquisition d’un dénommé John Bentley, un ingénieur de la NASA qui vendait aussi des bouquins techniques sur l’automobile.
J’étais allé le rencontrer dans la banlieue de New York pour prendre possession de cette perle rare.

La semaine suivante j’étais allé me faire la main avec ma nouvelle acquisition à Mont-Tremblant.

 

Malgré son impressionnant pedigree, je n’arrivais pas à améliorer ou même égaler les temps de ma Porsche de tous les jours, une simple Super 90 sans modifications importantes.

Je me suis dit que la voiture exigeait peut-être une familiarisation et finalement que «ça irait mieux le lendemain». Je pris la route pour participer à une course à Harewood, dans un environnement que je ne connaissais pas.

Une vraie tortue

Ma splendide Porsche Carrera Abarth Zagato continua de performer largement en dessous de sa réputation. Bref,  une véritable tortue peu rapide en ligne droite et mal à l’aise en virage. 

Désespéré de ces résultats, mon mécano décida d’en avoir le cœur net et de mettre à nu le moteur pourtant si perfectionné dont Porsche équipait ce modèle.  Or, c’est avec stupéfaction que l’on découvrit d’abord que la Porsche avait été sévèrement abimée lors d’un quelconque accident et surtout que le vilebrequin du sophistiqué moteur 4 cyl. à plat à 4 arbres à cames en tête avait été remplacé par une vulgaire pièce de rechange provenant d’un minibus Volkswagen.

 

J’étais presque content de constater que je n’avais pas perdu mon habileté et que le problème provenait d’une voiture trafiquée offerte par un vendeur malhonnête. Évidemment, son numéro de téléphone était aux abonnés absents et je fus incapable de le retracer.

Un amateur, bien informé de la situation, m’offrit 5000$  pour cette Porsche sans moteur. Voilà donc la petite histoire d’une voiture qui, aujourd’hui, atteint des sommes faramineuses dans les encans de voitures de collection... avec ou sans vilebrequin. 

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