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De généreux «cadeaux» pour attirer des travailleurs

La région de l’Abitibi s’est dotée d’un fonds de «séduction» de 150 000$ pour attirer des candidats

Pierre Corbeil, préfet de la MRC de La Vallée-de-l’Or et maire de Val-d’Or, n’est pas prêt à dire que son Fonds de séduction est la solution à tous les maux partout au Québec, mais il voit là un gros « plus » pour les entreprises de son coin. Marie-Andrée Mayrand, directrice du Service développement local et entrepreneurial à la MRC, dit que ce Fonds n’a pas été énormément publicisé.
Pierre Corbeil, préfet de la MRC de La Vallée-de-l’Or et maire de Val-d’Or, n’est pas prêt à dire que son Fonds de séduction est la solution à tous les maux partout au Québec, mais il voit là un gros « plus » pour les entreprises de son coin. Marie-Andrée Mayrand, directrice du Service développement local et entrepreneurial à la MRC, dit que ce Fonds n’a pas été énormément publicisé. Photo David Prince


PÉNURIE DE TRAVAILLEURS

Les entreprises ont de la difficulté à combler les emplois. Le taux de postes vacants est à un niveau jamais vu depuis 2004. Loin de se résorber, la pénurie de main-d’œuvre va s’accentuer avec la retraite des baby-boomers. Les entreprises doivent rivaliser pour séduire les candidats.


Jamais les entreprises et les villes du Québec n’ont eu autant besoin de main-d’œuvre, au point où les candidats se font désormais courtiser à coup de « cadeaux », de portes ouvertes et d’offres d’emploi alléchantes. C’est ce que Le Journal a pu constater aux quatre coins de la province lors de la préparation de notre dossier.

Dans plusieurs régions du Québec, la course contre la montre pour recruter des employés prend toutes sortes de formes :

  • Création d’un « Fonds de séduction » comprenant : visite éclair en avion payée, frais d’entrevue remboursés, déménagement gratuit. (Aujourd’hui)
  • Des offres de terrains, de congés de taxes, etc. (Aujourd’hui)
  • Une formation rémunérée de six semaines pour attirer des mécaniciens. (Demain)
  • Recours à des agences de recrutement de travailleurs immigrants. (Lundi)
  • Des portes ouvertes, comme chez Olymel et LeBreton. (Mardi)

Séduire à tout prix

S’il y a une région au Québec qui a pris le taureau par les cornes, c’est bien l’Abitibi, où une communauté s’est dotée, il y a six ans déjà, d’un outil spécial appelé « Fonds de séduction ».

« À ma connaissance, il n’y a pas d’équivalent ailleurs au Québec. En Abitibi-Témiscamingue en tout cas, c’est unique », explique Pierre Corbeil, maire réélu à la tête de la Ville de Val-d’Or et préfet de la MRC de La Vallée-de-l’Or.

Pour lui, le Fonds de séduction lancé en 2011 est un succès, parce que l’enveloppe de près de 150 000 $ a permis la création d’une quarantaine d’emplois.

1500 $ aux candidats

Pour attirer soudeurs, machinistes, mécaniciens et géologues, très sollicités par l’industrie minière notamment, le Fonds de séduction se décline en trois volets.

Un premier montant pouvant aller jusqu’à 500 $ va à l’employeur pour qu’il invite le candidat à une visite exploratoire dans la région (vol, visite et dégustation compris).

Une deuxième somme de 500 $ va à l’employé pour qu’il rembourse ses frais de déménagement.

Enfin, un troisième montant de 500 $ est donné à l’employeur 90 jours après l’embauche du travailleur. L’argent peut servir au logement de l’employé ou à tout autre besoin.

Seules les entreprises de 99 employés et moins ayant leur siège social dans l’une des six municipalités de la MRC, dont Val-d’Or, Senneterre et Malartic y ont droit. Le candidat recruté doit habiter à plus de 250 km de la compagnie qui l’embauche.

Une histoire d’amour

À Val-d’Or, l’ingénieur alimentaire Mouhamad Diene a mordu à l’hameçon. Le jeune homme de Québec a choisi d’y déménager grâce au fameux Fonds de séduction.

« J’ai pris l’avion. J’ai passé la fin de semaine là-bas. On a visité des magasins d’aliments naturels, une brasserie, un restaurant de poutine, des cafés », relate Mouhamad Diene.

Résultat, il est aujourd’hui directeur de production et de recherche et développement de l’usine de Cuisine Soleil qui fabrique des collations de lentilles grillées. Au mois de février prochain, il célébrera sa première année en terre abitibienne.

 

Les petits bonbons fiscaux des villes

 

Les villes et municipalités n’ont pas le droit d’offrir des terrains, des congés de taxes ou bien... de l’argent aux travailleurs qui viennent s’installer chez eux, mais les communautés trouvent quand même le moyen de le faire, a pu constater Le Journal.

« Le Comité de développement de la municipalité, complètement indépendant d’elle, rembourse le terrain à ceux qui s’installent de façon permanente à Sainte-Aurélie, en Chaudière-Appalaches. L’équivalent de la taxe foncière est aussi payé », révèle Stéphane Hétu, directeur général de la municipalité qui compte un peu plus de 900 âmes.

M. Hétu insiste bien : ce n’est pas la municipalité qui offre ces avantages fiscaux, mais bien un comité séparé. Il dit que Sainte-Aurélie fait bel et bien partie de ce comité, mais que son financement provient aussi de diverses activités.

Pour M. Hétu, ce genre de mesure aide les entreprises du coin, comme Les Produits Forestiers D.G. ou encore JBV Conception Fabrication, à dénicher la main-d’œuvre en contexte de pénurie.

Cadeaux à La Pocatière

La Pocatière, dans le Bas-Saint-Laurent, s’est fait taper sur les doigts par le ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire (MAMOT) l’automne dernier, pour ses cadeaux aux nouveaux résidents.

En 2016-2017, quiconque s’est fait construire une maison a eu droit à 5000 $ sur deux ans et tout nouvel acheteur d’une demeure a eu droit à 2000 $.

Québec estime à plus de 50 000 $ les avantages fiscaux offerts aux nouveaux résidents grâce à l’organisme Développement économique La Pocatière (DELP). Le MAMOT a rappelé dans une lettre au directeur qu’il ne pouvait pas faire cela.

« On le faisait de bonne foi. On s’est rendu aux arguments du ministère. On a arrêté. Mais on trouve regrettable que d’autres le fassent sans être sanctionnés », a dit Daniel Chabot, directeur général de La Pocatière.

 

Emploi garanti

Saint-Martin et Saint-Éphrem-de-Beauce ont mis sur pied le programme Place aux manœuvres offrant une formation de huit semaines, incluant un stage de deux semaines, avec une chambre meublée, chauffée... dans une maison avec accès à internet. L’emploi est garanti au sein d’une des huit entreprises du projet.

 

Panier de cadeaux de 9000 $

Beauceville, en collaboration avec plusieurs commerces et entreprises locales, offre un panier d’accueil d’une valeur de près de 9000 $ en chèques-cadeaux et en cadeaux de toutes sortes pour chaque nouvelle construction résidentielle sur son territoire. Ce montant inclut un remboursement de la taxe foncière d’une propriété d’environ 200 000 $.

 

Aides diverses

  • Saint-Georges offre gratuitement pendant trois ans la carte loisirs, d’une valeur de 300 $.
  • Rivière-Ouelle donne un montant maximum de 100 $ pour les fournitures scolaires (tous les enfants qui fréquentent l’école primaire du village du Bas-Saint-Laurent y ont droit).

 


♦ Votre entreprise ou votre ville fait face à une pénurie de main-d’œuvre ? Écrivez-nous pour partager votre expérience et vos solutions. 

 







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