Un entrepreneur accusé de négligence criminelle
Un employé est mort enseveli dans une tranchée qui n’aurait pas été aux normes
La mort d’un travailleur de la construction enseveli dans une tranchée a été causée par la négligence de l’entrepreneur, a affirmé la Couronne, qui demande à ce qu’il soit déclaré coupable d’homicide involontaire.
Sylvain Fournier était de retour en cour lundi, pour le début de son procès criminel, plus de cinq ans après le décès d’un de ses employés.
L’entrepreneur de 56 ans est accusé de ne pas avoir respecté les règles de sécurité dans un chantier de Montréal. Cette négligence alléguée, affirme la Couronne, a causé la mort de Gilles Lévesque, un quinquagénaire qui travaillait pour son entreprise.
Tranchée mortelle
Le drame était survenu en avril 2012. À l’époque, la compagnie Excavation Fournier avait été mandatée pour procéder au remplacement d’une conduite d’égout. Il fallait pour cela creuser une tranchée.
Or, lors de ce genre de travaux, il est impératif de consolider les parois de l’excavation. Fournier ne se serait pas conformé aux règles, ce qui a causé l’effondrement des parois, suivi du décès de M. Lévesque.
Dès l’effondrement, les secours ont été appelés. Le lieutenant Daniel Castonguay, du Service de sécurité incendie de Montréal, a raconté lundi avoir été appelé d’urgence, puisque son équipe est spécialisée dans les sauvetages techniques, dont ceux dans des tranchées.
À peine arrivé sur les lieux, il a réalisé que l’opération pouvait être délicate.
« On ne pouvait pas descendre, c’était dangereux », a-t-il témoigné à la cour.
Avant de pouvoir tenter de sauver M. Lévesque, il a donc dû renforcer la tranchée avec des panneaux afin d’éliminer tout risque que la terre tombe sur les secouristes.
« Notre rôle, c’était de sortir la personne vivante sans mettre en danger mes pompiers », a-t-il dit.
Il était toutefois trop tard pour sauver M. Lévesque, qui est décédé d’un traumatisme crânien, selon le rapport d’un pathologiste judiciaire.
« Compte tenu que la victime était ensevelie, il pourrait aussi y avoir eu suffocation », a précisé l’expert en médecine légale, lundi.
Blamé
Fournier a plaidé non coupable aux accusations qui pèsent contre lui. Mais, outre les procédures criminelles, l’entrepreneur avait aussi été blâmé par la Commission de la santé et de la sécurité au travail (CSST).
La Régie du bâtiment du Québec avait également annulé la licence d’entrepreneur de Fournier Excavation.
« Même après le tragique accident, les règles de sécurité ne sont pas renforcées », avait écrit la régisseuse au dossier dans une décision rendue en 2015.
Le procès criminel de Fournier, devant le juge Pierre Dupras, est prévu pour durer trois semaines. L’entrepreneur est représenté par Me Brigitte Martin, tandis que Me Sarah Laporte officie pour le Directeur des poursuites criminelles et pénales.