Prime de 105 $ pour arriver à l’heure: Barrette se scandalise d’un boni... qu’il a négocié
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Gaétan Barrette dit être scandalisé par une prime de 105 $ accordée aux chirurgiens ponctuels, alors qu’il l’a lui-même négociée.
« Moi-même, ça me scandalisait et ça me scandalise encore aujourd’hui », a lancé le ministre de la Santé vendredi lors d’une mêlée de presse à la sortie du caucus libéral.
Le gouvernement Couillard a versé depuis trois ans 41 millions de dollars en bonis uniquement pour que des médecins arrivent et terminent à l’heure dans les salles d’opération, a révélé le Bureau d’enquête. Les médecins spécialistes qui font des interventions chirurgicales ont bel et bien droit à une « prime d’assiduité » pour que les salles d’opération des hôpitaux soient en activité de 8 h le matin à 16 h l’après-midi durant la semaine.
Motivés par l’appât du gain
M. Barrette comprend que cette situation puisse choquer la population, mais estime que « beaucoup » de médecins sont motivés par l’appât du gain, et que « le levier qui fait le plus changer leur comportement », c’est « le revenu et les conditions qui y sont attachées ».
« Historiquement, il y a eu un problème de gestion de l’utilisation du temps d’opération. Pour avoir un bloc opératoire qui fonctionne à plein rendement, il faut que les gens arrivent à l’heure », a expliqué M. Barrette. Mais comme le rapporte Le Journal, le boni a eu un effet limité : le nombre d’opérations réalisées depuis l’instauration de cette prime d’assiduité n’a augmenté que de 1 % entre 2012 et 2017.
« Dépensé de toute façon »
M. Barrette a ajouté que cet argent-là « aurait été dépensé de toute façon », car il fait partie de l’enveloppe globale de rémunération des médecins. Québec et la Fédération des médecins spécialistes ont simplement estimé que cet incitatif était la façon la plus pertinente d’utiliser ces fonds.
La présidente de la Fédération des médecins spécialistes Diane Francoeur estime que Gaétan Barrette ne fait que « dénigrer » les médecins : « Ses déclarations sont, comme toujours, généralisées et blessantes ». Elle a aussi défendu cette prime qui « vise à favoriser que les opérations commencent plus tôt ou se termine plus tard qu’à l’habitude ».
La Fédération interprofessionnelle du Québec (FIQ) est outrée par ces révélations « odieuses » et dénonce un deux poids deux mesures en faisant référence aux sanctions qui attendent ses employés s’ils n’arrivent pas à temps.
« C’est la carotte pour les médecins spécialistes et le bâton aux infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes », affirme la nouvelle présidente de la FIQ, Nancy Bédard.
— Avec la collaboration de TVA Nouvelles