Il a passé plus de 30 ans de sa vie sans être au courant de sa douance
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Au lieu de jouer avec des blocs Lego et des figurines de Batman, Vincent Carrier programmait des ordinateurs à l’âge de 9 ans.
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Bien qu’il se soit toujours trouvé différent des autres, le trentenaire vient tout juste d’apprendre qu’il est doué.
« Quand j’étais jeune, je suppliais mon père, qui est informaticien, pour qu’il me montre à programmer. Il me disait : tu ne vas pas comprendre... Alors j’ai piqué ses livres en anglais, que je comprenais très peu, et j’ai appris par moi-même », se souvient M. Carrier.
Celui-ci a appris il y a quelques mois à peine qu’il faisait partie du 2 % de la population avec un quotient intellectuel de plus de 130, la moyenne étant de 100. C’est un « surdoué », selon le diagnostic d’un psychologue.
Dîner Mensa
Le Journal l’a rencontré lors d’un dîner Mensa, un organisme mondial qui rassemble des gens avec de fortes capacités intellectuelles. Ils étaient près d’une dizaine de doués à casser la croûte au restaurant Ruben’s dans le centre-ville.
Plusieurs d’entre eux étaient discrets et peu ouverts à participer à une entrevue. D’autres ont refusé de parler ouvertement de leur douance, comme s’il s’agissait d’un sujet tabou.
Un homme d’une soixantaine d’années qui préfère taire son nom a dit avoir beaucoup de difficultés à entrer en contact avec les autres. « Je me sens surtout incompris, lance-t-il. Mais ici je me sens bien. Nous avons le même sens de l’humour et on peut parler de n’importe quel sujet. »
Vincent Carrier ne voyait aucun inconvénient à partager ce qui se passe dans sa tête, même s’il considère que l’intelligence est un sujet qui attise les susceptibilités au Québec.
« Ça a des avantages d’être doué... je suis bon en résolution de problèmes, je comprends vite, je suis curieux et sensible, mais je suis aussi très anxieux. J’analyse tout et je vois toujours loin », admet-il.
Il dit aussi ne jamais avoir appris à faire d’efforts puisque tout lui venait naturellement à l’école. « Sauf en éducation physique. Ma position préférée dans les équipes, c’était le banc », explique-t-il, avec un rictus.
Son nouveau travail à titre de consultant lui fait particulièrement la vie dure ces jours-ci. Il dit avoir de la difficulté à « monter la pente » et à se « surpasser ».
Comme s’il heurtait un mur pour la première fois.
« J’ai comme eu une prise de conscience récemment. J’ai toujours été avantagé par le fait que j’ai une bonne tête et que je pense rapidement, mais le revers de la médaille, c’est que je n’ai jamais appris à me forcer et ça me revient dans le détour maintenant », admet-il.
Néanmoins, il est passé à travers sa jeunesse assez facilement, contrairement à d’autres surdoués qui peinaient à tenir en place sur les bancs d’école.