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On lui tire dessus en plein palais de justice

Incapable de maîtriser un jeune de 18 ans, un constable spécial a dégainé son arme et l’a atteint à la tête

L’homme de 18 ans a été amené à l’hôpital de Hull après avoir été atteint par balle à la tête au palais de justice de Maniwaki.
Capture d'écran, TVA Gatineau-Ottawa L’homme de 18 ans a été amené à l’hôpital de Hull après avoir été atteint par balle à la tête au palais de justice de Maniwaki.

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Une simple envie de fumer serait à l’origine de l’affrontement entre des agents de sécurité et un jeune qui a été atteint à la tête par une balle tirée par un constable spécial du palais de justice de Maniwaki.

Par pure chance, la victime de 18 ans devrait s’en sortir puisque le coup de feu a pénétré son nez pour se loger dans son cou, ne causant aucun dommage au cerveau, selon la famille.

L’échauffourée est rapidement devenue virale après qu’un témoin eut publié une vidéo qui a fait le tour du Québec. Mercredi soir, la publication comptait plus de 886 000 vues et 24 000 partages sur Facebook.

On y aperçoit l’agent de la paix qui empoigne le jeune homme, qu’on ne peut identifier parce qu’il comparaissait devant le tribunal de la jeunesse, afin de le maîtriser. Sa mère supplie le constable de lâcher son fils. Des agents de sécurité observent la scène, intervenant qu’à de rares occasions.

« T’es mieux de pas “scrapper” mon gars », lance-t-elle à un certain moment.

L’affrontement se transporte dans une autre pièce hors du champ de la caméra, où plusieurs cris se font entendre.

Le constable spécial aurait dégainé son bâton télescopique pour tenter de contrôler le jeune homme, mais celui-ci aurait réussi à lui arracher pour ensuite l’attaquer et le frapper à la tête, selon le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI), qui tentera d’éclaircir les circonstances de l’événement.

« Lâche ton “esti” de gun ! »

« Lâche ton “esti de gun”! Lâche ton “esti de gun”! » hurle la mère, juste avant que la détonation se fasse entendre.

Selon l’auteur de la vidéo, le conflit a commencé parce que la victime a voulu fumer une cigarette à l’extérieur du palais de justice.

« Les agents ne voulaient pas le laisser sortir. C’est là que ç’a dégénéré », raconte-t-il, se disant « traumatisé ».

« Ils étaient sept autour de [lui]. Mais y’en a juste un qui essayait de le maîtriser », s’insurge-t-il.

Rencontré par Le Journal à l’hôpital de Hull, où la victime a été amenée, son père a craint de ne plus jamais le revoir.

« J’ai paniqué. Je ne savais pas si j’étais pour perdre mon fils ou quoi. J’ai deux filles, mais juste un fils. Il était mort, ou pas, je ne savais pas », confie-t-il.

Révolte de la police

Son père le décrit comme un jeune au « caractère enflammé » qui pouvait faire « des petits mauvais coups », mais qui n’était « pas un cas perdu ».

Selon lui, son fils avait « une révolte de la police » depuis qu’un de ses amis proches s’était fait abattre en 2015 à Maniwaki, à 135 km au nord de Gatineau.

Sur Facebook, la mère du jeune homme ayant été atteint par balle a écrit que son fils venait d’écoper d’une peine de six mois d’emprisonnement pour un crime qu’elle n’a pas spécifié. Il s’agirait de méfaits, selon nos informations.

Effectifs en région dénoncés

Le Syndicat des constables spéciaux du gouvernement du Québec dénonce le manque d’effectifs, surtout en région.

Le constable qui a fait feu était le seul en poste au palais de justice de Maniwaki. Il était accompagné d’agents de sécurité qui ne détiennent pas la même formation.

« Avec les ressources adéquates, on aurait sûrement pu l’appréhender sans usage de l’arme à feu, estime le président du syndicat, Franck Perales. C’est vraiment malheureux pour tout le monde, incluant la victime. »

« J’ai déjà dit au ministre [Martin] Coiteux que ce serait dommage qu’un événement malheureux arrive pour que ça change. Est-ce qu’il fallait vraiment en arriver là ? » poursuit-il.

M. Perales déplore que les agents de sécurité ne soient pas formés pour les règles d’intervention, contrairement aux constables spéciaux.

Selon nos sources, le constable se trouve présentement en état de choc à l’hôpital et est sérieusement blessé à la tête.

ATTENTION, les images qui suivent peuvent choquer:

– Avec Michaël Nguyen, Boris Proulx, Catherine Montambeault, Axel Marchand-Lamothe, Maxime Deland, Agence QMI, et Sabrina Rivet, collaboration spéciale