Les cyclistes au pouvoir
Dumont

La Ville de Montréal a présenté cette semaine sa vision d’une réforme du Code de la route. Pour l’essentiel, la nouvelle administration montréalaise fait siennes les revendications des cyclistes. Les cyclistes devraient avoir de nouveaux droits propres : passer sans s’arrêter aux « arrêts obligatoires » et tourner à droite aux feux rouges.
Ce n’est pas une première : les demandes du lobby du vélo deviennent souvent des positions officielles des gouvernements en bien peu de temps. À preuve, les mêmes gouvernements qui avaient dépensé des fortunes pour la construction de pistes cyclables ont retiré ensuite l’obligation pour les cyclistes de rouler dessus. Parce que le lobby cycliste trouvait le rythme trop lent sur les pistes cyclables et demandait le droit d’utiliser la voie principale, même là où une piste cyclable existe.
Féroce opposition
Plus tôt dans la semaine, j’ai lancé sur les réseaux sociaux une discussion sur les nouvelles demandes de Montréal pour ses cyclistes. Virage permis aux feux rouges ou arrêts moins obligatoires, les sujets divisent la population radicalement : les cyclistes et les autres.
Les piétons ont carrément peur de se faire rouler dessus. Les automobilistes craignent que les cyclistes, dont certains passent déjà allègrement sur les arrêts et les feux rouges, ne deviennent encore plus délinquants. Plusieurs automobilistes vivent avec la phobie de frapper un cycliste, un événement traumatisant, même si la faute revient à l’imprudence de l’autre.
Il faut dire qu’une partie des cyclistes semblent agir comme si aucune règle du Code de la route ne devrait s’appliquer à eux. En plein hiver, sur fond de glace vous les verrez zigzaguer entre les voitures, passer sur les feux de toutes les couleurs, traverser les grandes intersections à tort et à travers. Mais puisqu’un cycliste n’a jamais tort, c’est aux autres usagers de la route à s’adapter à ces sportifs écologistes vertueux.
Le lobby qui gagne
Cette position de l’administration Plante est rejetée massivement par les automobilistes et les piétons. Les piétons utilisent le moyen de transport de base : la marche. Ils sont les plus vulnérables. Les automobilistes, malgré l’idéologie qui les présente en vilains de la société, sont les plus nombreux. Comment expliquer que la minorité de cyclistes impose ses vues ?
Probablement pour les mêmes raisons qui font que les pistes cyclables sont déneigées avant les trottoirs en hiver. Même si le vélo d’hiver est considéré comme très dangereux par une vaste majorité de gens, incluant bon nombre d’utilisateurs du vélo. L’impression finit par s’installer que tout ce qui porte la mention vélo passe en priorité.
Les porte-parole des cyclistes doivent être salués pour leur franchise. Je me suis fait répondre cette semaine que le vélo doit être « privilégié » par les autorités par rapport aux autres moyens de transport. Au même titre que les transports en commun qui jouissent de voies réservées.
Quand le vélo devient une idéologie plutôt qu’un moyen de transport qui doit cohabiter de façon sécuritaire avec les autres, voilà ce que ça donne.