Budget 2018: Nos «spin doctors» se prononcent
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Le ministre des Finances du Québec, Carlos Leitao a déposé ce mardi 27 mars, son cinquième et dernier budget avant le rendez-vous électoral. Nous avons demandé à nos « spin doctors » de nous donner leurs impressions sur le budget du Québec 2018.
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MARIE-EVE DOYON
Un budget aux allures de programme électoral
Avec son dernier budget équilibré, le ministre Carlos Leitao trace le bilan de mandat de son gouvernement et présente le plan de la campagne électorale du PLQ. On fait la part belle aux familles en priorisant la qualité de vie et la mobilité et en promettant un meilleur accès aux services de santé.
Le gagnant: Les familles
En annonçant un investissement record de 100 milliards de dollars sur 10 ans en infrastructure, le gouvernement annonce aux familles que leur qualité de vie sera une priorité. On promet des déplacements plus fluides, mais aussi des mesures pour faciliter le maintien à domicile, les rénovations, l’accès à la propriété et aux services de garde.
Le perdant: Les illusions des Québécois
Les élections à date fixe ont ce désavantage qu’elles teintent le regard des citoyens et des analystes plusieurs mois à l’avance. En présentant ce budget optimiste, le gouvernement donne l’impression que toutes ses décisions ont pour unique but le gain politique et non la saine gestion des finances publiques.
La surprise: La culture
Onze pour cent d’augmentation de dépenses dans la culture pour la mise en œuvre d’une nouvelle politique culturelle, la plus forte hausse depuis plus de 20 ans. On accorde un soutien accru à la transition des médias vers le numérique et on consacre 100 millions au CALQ et à la SODEC qui soutiennent les organismes culturels et les artisans.
Le grand oublié: La marge de manœuvre du gouvernement
Pour équilibrer son budget tout en augmentant les dépenses de programmes de manière importante, le gouvernement pige directement dans sa marge de manœuvre. Les surplus que le gouvernement a accumulés au cours des dernières années de restrictions budgétaires et de croissance économique ne seront plus disponibles en cas de besoin. On fait donc le pari que les investissements annoncés vont stimuler l’économie et maintenir la croissance actuelle.
STEVE E. FORTIN
Petit manifeste de cynisme
Le « budget » de Carlos Leitao et des libéraux aurait dû porter le titre suivant: Petit manifeste de gouvernance cynique.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit, une entreprise qui ne fera qu’ajouter au cynisme d’une classe politique qui peine tant à se défaire de cette étiquette. Le critique en matière d’économie de l’opposition officielle, Nicolas Marceau, a résumé le tout par la formule-choc suivante: « Ce budget est en quelque sorte le doigt d’honneur des libéraux aux Québécois. »
On ne saurait mieux dire.
On connaît la formule: austérité, compressions, réduction de services (4 milliards de coupes et de compressions dans les deux premières années du gouvernement Couillard), bonbons électoraux et tapes dans le dos pour « saine gestion», élection, austérité...
Le gagnant: La croissance des salaires
Plus d’une trentaine de fois, on insiste dans le texte du budget sur la «croissance des salaires». C’est partout, tel un slogan électoral à venir.
Le perdant: La petite enfance
Les libéraux font le choix du privé et des garderies à profit au détriment des Centres de la petite enfance. Les Québécois devront choisir entre deux visions clairement opposées du développement de la petite enfance.
La surprise: Investissements forestiers
Des mesures modestes (41 millions), mais essentielles, de soutien au développement de la production forestière en forêt privée, un secteur qui génère plus de 25 000 emplois au Québec.
Le grand oublié: L'intégrité
On ne retrouve pas une seule fois le mot «intégrité» dans les centaines de pages de ce budget ni aucune mesure additionnelle pour la lutte à la collusion ou à la corruption. Un silence qui laisse entrevoir qu’on préférerait que ce ne soit pas un thème de la prochaine élection...
SYLVAIN LÉVESQUE
Tout le monde a son bonbon
Budget électoraliste, évidemment. À six mois des élections, le gouvernement libéral joue une de ses dernières cartouches avant l’élection. Après 3 ans à limiter ses dépenses, le PLQ redistribue toutes les marges de manœuvre qu’il avait durement acquises. Est-ce que ce sera suffisant pour sauver ce gouvernement usé par presque 15 ans de pouvoir?
Gagnant: Les infrastructures
Le Québec tombe en ruines. Les écoles, les hôpitaux et les infrastructures routières qui furent construits après la Révolution tranquille craquent de partout. En ce sens, un investissement de 100 milliards sur 10 ans est une bonne nouvelle. Avant de penser à construire du neuf, réparons ce qu’on a déjà.
Perdant: Les contribuables
Depuis l’élection des libéraux en 2014, les contribuables ont dû faire face à d’importantes hausses de tarifs et de taxes. Que ce soit dû au compte d’Hydro, aux frais de garderie, aux taxes scolaires ou aux écofrais (pour ne citer que ces exemples), le citoyen moyen a moins d’argent dans ses poches qu’il en avait il y a 4 ans. Ce ne sont pas les minces réductions d’impôts et l’abolition de la taxe santé qui viennent compenser le trop-perçu.
La surprise: Investissement massif en culture
Je ne m’attendais pas à un investissement important en culture, j’ai été confondu. Le milieu culturel n’étant pas une clientèle naturelle pour le PLQ, je ne me serais attendu qu’à des miettes, il n’en est rien. La TVQ qui sera imposée à Netflix plaira aux artisans culturels qui voient leur budget bonifié de 11%.
Le grand oublié: Les infirmières
Après avoir plus que doublé la rémunération des médecins depuis 2014, le gouvernement n’indique pas clairement son intention d’améliorer les conditions de travail des infirmières. Certes, le budget de la santé progresse de 4,6 %.