Markov sur le party
Il a aidé l’Ak Bars de Kazan à remporter la troisième coupe Gagarine de son histoire
BOSTON | À défaut d’avoir pu soulever la coupe Stanley dans l’uniforme du Canadien, Andreï Markov peut s’enorgueillir d’avoir remporté la coupe Gagarine, emblème de la suprématie de la Ligue continentale (KHL).
Un an jour pour jour après avoir disputé son dernier match avec le chandail bleu-blanc-rouge sur le dos, Markov et ses coéquipiers de l’Ak Bars de Kazan ont assené le dernier clou du cercueil du CSKA de Moscou, dimanche soir.
Une série remportée en cinq matchs où l’efficacité défensive a été à l’honneur. À preuve, le plus haut pointage a été la victoire de 3 à 2 acquise en prolongation par le CSKA lors du troisième match de la série.
« On a respecté notre plan à la lettre tout au long des séries, peu importe l’équipe que nous affrontions. Durant toute la saison, notre entraîneur [Zinetula Bilyaletdinov] a mis ce système en place. Cela nous a finalement rapporté », a indiqué Markov, joint au téléphone par Le Journal de Montréal.
Une stratégie payante puisque le CSKA n’a rien de commode. Sans nécessairement remplir le filet adverse, on dit de la formation de l’Armée rouge qu’elle est la plus nord-américaine des équipes de la KHL.
« C’est une équipe intense qui exerce un échec avant rapide et soutenu. C’est une bonne chose qu’on ait limité cette série à cinq rencontres », a convenu Markov, dont la fiche en séries s’est résumée à cinq points, dont deux buts, en 19 rencontres.
On est loin des cinq buts et 28 passes, en 55 matchs, de la saison régulière. Cela lui avait permis de prendre le cinquième rang des pointeurs chez les défenseurs de la KHL, cinq points derrière le meneur.
Toutefois, sa moyenne de 22 min 1 s de jeu durant ce tournoi de quatre rondes prouve qu’il a été le principal homme de confiance de Bilyaletdinov.
« Je suis heureux de mes séries parce qu’en fin de compte, nous avons gagné. Les points et les statistiques, ce n’est pas ce qu’il y a d’important. Les entraîneurs m’ont fait confiance et m’ont fait jouer beaucoup. C’est ce qui compte. »
Grâce à son troisième sacre, l’Ak Bars de Kazan est devenu l’équipe la plus décorée de l’histoire de la KHL. Elle avait remporté les deux premiers titres de l’histoire de la KHL (en 2009 et 2010), mais avait fait chou blanc lors des sept printemps suivants.
Évidemment, cette ville russe d’un peu plus de 1,2 million d’habitants a le cœur à la fête depuis cette conquête survenue dimanche soir à l’amphithéâtre de l’endroit.
« Nous avons eu un gros party immédiatement après le dernier match. Mais les célébrations seront encore plus grandes dans quelques semaines, une fois que le Championnat du monde sera terminé », a déclaré Markov, dont le nom n’a pas été retenu pour cette compétition internationale.
Une exclusion qui ne le dérange pas trop.
« Maintenant, c’est le temps de se reposer, de célébrer, de passer du temps en famille et de se préparer pour la prochaine saison. »
Un plan bien mérité.
Il n’en veut plus à Bergevin
Il n’y a pas que la musique qui adoucit les mœurs. La conquête d’un championnat aussi, apparemment.
Au bout du fil, Andreï Markov semble désormais moins amer envers Marc Bergevin et la façon dont les négociations ont achoppé entre les deux hommes, l’été dernier.
« Je sais que vous essayez de mettre de la pression sur lui. C’est facile de le faire en raison de la situation [du Canadien], mais c’est une bonne personne et un bon directeur général », a soutenu Markov lors de cet entretien téléphonique.
« Je souhaite ce qu’il y a de mieux pour le Canadien. Je suis persuadé qu’il trouvera les solutions pour rendre l’équipe meilleure la saison prochaine et lors de la suivante », a-t-il ajouté du même souffle.
La fameuse partie de cartes
Ce coup d’encensoir a été effectué en guise de réponse à la question de l’auteur de ces lignes concernant la fameuse partie de cartes entre Alexander Radulov et lui à bord de l’appareil qui ramenait l’équipe à Montréal après leur élimination aux mains des Rangers de New York.
Selon les informations obtenues par Mike Bossy, Bergevin n’aurait pas apprécié. Max Pacioretty se serait porté à la défense de ses coéquipiers, ce qui aurait jeté un froid entre le capitaine et le directeur général du Canadien.
Lors de sa présence sur le plateau de Tout le monde en parle, dimanche, Bergevin a commenté la rumeur en relançant tout simplement la question suivante à Guy A. Lepage.
« Est-ce que Mike Bossy était dans l’avion ? » a-t-il demandé à l’animateur.
Le principal intéressé assure n’avoir jamais eu connaissance d’une saute d’humeur de son ancien directeur général à ce propos.
« Ce que je peux confirmer, c’est que nous avons toujours joué aux cartes dans l’avion. Peu importe le résultat de la rencontre. Que ce soit après une victoire ou après une défaite », a-t-il d’abord indiqué.
« Cependant, je ne me souviens pas que Marc Bergevin ait été fâché contre nous, qu’il nous ait dit quoi que ce soit. Je n’ai jamais vu ça », a-t-il soutenu.
Pas de retour dans la LNH
On se rappellera que lors de la visite du Journal à Kazan, en décembre, l’ancien défenseur du Canadien et son épouse ne s’étaient pas montrés tendres à l’endroit du directeur général du Canadien, qualifiant de « manque de respect » la façon dont Bergevin avait traité le dossier du vétéran de 18 saisons.
Manifestement, l’opinion de Markov a changé au sujet de Bergevin. Et ce n’est pas parce qu’il prépare un retour à Montréal. Du moins, pas à court terme.
« On ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve. Je ne suis pas prêt à prendre ma retraite. Il me reste encore une année à mon contrat avec Kazan. Je suis heureux ici, ma famille est bien ici. C’est ce qu’il y a de plus important, a déclaré l’athlète de 39 ans. Et honnêtement, je ne sais même pas si j’ai une clause à mon contrat me permettant d’y mettre fin avant son échéance. »
Puisqu’il a lui-même négocié ce contrat, s’il a rapidement passé sur ce point, c’est que son intention de revenir dans la LNH n’a jamais été très élevée.
« Toujours le même joueur » – Gordie Dwyer
Non, les statistiques d’Andreï Markov au cours des séries éliminatoires de la KHL n’ont rien eu de bien impressionnant. Toutefois, on aurait tort de minimiser la contribution et l’impact du défenseur de 39 ans chez l’AK Bars de Kazan.
Entraîneur-chef du Dinamo de Minsk, Gordie Dwyer l’a vu suffisamment à l’œuvre au cours de l’hiver pour en témoigner.
« Andreï Markov, qu’il joue à Kazan ou avec le Canadien, c’est toujours le même joueur. Son sens du hockey et son habileté à lire le jeu sont ses plus grandes forces », a déclaré Dwyer, joint la semaine dernière à la suite du congédiement de Sylvain Lefebvre.
Système avantageux
Évidemment, on ne joue pas à 39 ans de la même façon qu’on le fait dans la fleur de l’âge. Markov a eu beau toujours se tenir en grande forme, le poids des années finit immanquablement par faire son œuvre.
Voilà où l’intelligence d’un joueur prend son importance. Celle-ci peut compenser et étirer une carrière de quelques saisons.
« Pour jouer dans la KHL, il faut être aussi en forme que dans la LNH », a soutenu Dwyer.
« La différence entre les deux circuits, c’est que la LNH est toujours axée sur la vitesse. Tout le monde pense que dans la KHL, il faut être plus rapide en raison de la dimension des patinoires, mais ce n’est pas le cas. C’est la possession de la rondelle qui importe, a expliqué l’ancien attaquant. Personne ne tire la rondelle derrière les défenseurs avant de la pourchasser. Toutes les entrées de zone se font en contrôle. En ce qui a trait au système de jeu, ce fut sans doute un avantage pour Andreï. »