Simulation de disparition grandeur nature pour la SQ
Les policiers sont testés avec des scénarios proches de la réalité
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Le nombre de disparitions auxquelles doit répondre la SQ est suffisamment important pour qu’elle organise annuellement un « grand camp d’entraînement » qui reproduit des conditions réelles, et ainsi tester ses policiers.
Pendant quatre jours, à la fin du mois d’avril, la Sûreté du Québec avait planifié différentes séances de formation pour ses policiers spécialisés en recherches et sauvetage qui ont culminé en une simulation grandeur nature à laquelle Le Journal a assisté.
« C’est pédagogique, on les met dans des situations volontairement difficiles pour qu’ils apprennent et qu’ils réagissent mieux quand ce sera réel », mentionne le sergent Alain Croteau, coordonnateur en mesures d’urgence.
« Cela nous permet de voir en action les nouveaux membres de nos équipes », ajoute de son côté le sergent Pierre Jacques, responsable des équipes spécialisées des Services d’urgence de la SQ.
Pour les besoins, deux groupes sont « en compétition » afin de retracer une dame disparue dans un centre de villégiature d’Orford.
Le nerf de la guerre
Ils peuvent recourir à tous les outils du corps policier, des maîtres-chiens à l’hélicoptère, en passant par des bénévoles accrédités du ministère de la Sécurité publique.
« Cela nous permet de voir les techniques de travail de la SQ et de nous arrimer avec eux. Ça reste nos partenaires principaux », soutient Manon Côté de Recherches et sauvetage Sherbrooke-Haut-Saint-François, un groupe de bénévoles structurés qui était présent.
La collecte de renseignements est au centre du travail de recherche des policiers.
« On doit identifier un profil de disparition avec les informations que l’on détient et poser des actions en conséquence », informe M. Croteau.
Ce profil permet aux policiers d’essayer d’anticiper les mouvements de la personne disparue. Un chasseur n’aura pas le même comportement s’il est en mauvaise posture qu’une personne schizophrène, par exemple.
« C’est important pour être le plus efficace possible, le plus rapidement possible. Le facteur temps joue toujours contre nous », renchérit M. Jacques, qui est aussi maître-chien.
Précision dans les détails
Ensuite, c’est sur le terrain que la communication entre les officiers, techniciens et policiers est cruciale. « Le coordonnateur doit amener de la rigueur dans le processus. Remettre en cause les présomptions et préciser au maximum les informations », indique Alain Croteau. Il donne comme exemple la couleur d’un manteau « bleu ».
« Quel bleu ? Bleu Québec, bleu ciel ou black blue ? Si on utilise l’hélicoptère pour des recherches aériennes, on ne surveillera pas la même chose », image-t-il.
« C’est une vie humaine qui est en jeu », répète Pierre Jacques à ses policiers.
Son message semblait avoir été entendu lors de la simulation puisque la dame aura été retrouvée en moins de deux heures.
D’heure en heure
Scénario
- Une dame d’environ 75 ans manque à l’appel depuis midi la veille au Centre de villégiature Jouvence, à Orford.
- Elle s’était informée sur un circuit de randonnée particulier, mais un témoin pourrait l’avoir aperçue plus au nord.
- Elle prend trois médicaments différents pour traiter l’Alzheimer, la dépression et la circulation sanguine.
- Un chapeau de paille lui appartenant a été retrouvé ainsi que son sac à main près d’un cours d’eau.
- Une trace de pas a également été localisée près d’un sentier.
- En cours d’enquête, on apprend qu’elle se préparait à déménager.
- Les policiers doivent maintenant tout mettre en œuvre pour la localiser rapidement.
Peu de cas demeurent non résolus
La Sûreté du Québec arrive à résoudre la grande majorité des disparitions, même si le dénouement n’est pas toujours celui que souhaitent les policiers.
Sur 1800 cas signalés annuellement au corps policier, environ 150 demanderont le déploiement de ressources provenant des mesures d’urgence.
« Le taux de résolution est excellent », mentionne le sergent Alain Croteau, coordonnateur aux mesures d’urgence.
En tout, quatre ou cinq cas ne seront pas élucidés dans l’immédiat.
« Le plus difficile, c’est de devoir dire à une famille qu’on ne trouve pas », confie notamment Pierre Jacques, responsable des Services d’urgence de la SQ.
Êtres humains
« Ma paie, c’est quand on retrouve les personnes disparues, surtout les enfants », poursuit le sergent de 30 ans d’expérience.
Si chaque disparition est différente, le déploiement de ressources humaines et matérielles peut être considérable quand les interventions sont en milieu hostile.
« J’ai toujours ma valise de trois jours prête au bureau, soutient Pascal Gagné, un des policiers d’un peloton de Québec. C’est une fierté pour mes enfants de voir ce que je fais pour aider les autres. »
L’agent Gagné a été profondément marqué par l’intervention, l’an dernier à Sainte-Anne-des-Monts, où un homme et sa belle-fille avaient été emportés par les eaux.
Planification
Mais dans plusieurs cas, les disparitions ne sont que des égarements. Avec le beau temps qui vient, la SQ rappelle que les excursions en plein air comportent des risques facilement évitables.
« La planification est importante, souligne le lieutenant Hugo Fournier. Donner son itinéraire à des proches et vérifier la météo sont de bons points de départ pour éviter les mauvaises surprises. »
Pour les plus aventureux, les balises GPS et une formation en techniques de survie ne sont pas à négliger.
« Si vous utilisez votre téléphone cellulaire pour vous repérer, des applications qui permettent d’utiliser les cartes hors connexion existent également », poursuit le lieutenant.