8 choses à savoir sur le célèbre auteur Philip Roth
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Le célèbre auteur américain Philip Roth est décédé mardi à l’âge de 85 ans. Au cours de son impressionnante carrière échelonnée sur plus de cinq décennies, l’écrivain a signé une trentaine d’ouvrages et reçu de nombreuses distinctions. Philip Roth nous a toutefois quittés sans jamais parvenir à mettre la main sur la récompense ultime, soit le prix Nobel de la littérature. Son legs n’en demeure pas moins intéressant. Voici 8 choses à savoir sur lui.
1. L’identité juive au cœur de tout...
Né le 19 mars 1933 dans un quartier juif de Newark, dans l'État du New Jersey, fils d'un agent d'assurances, Philip Roth entretient une relation particulière avec le judaïsme et sa communauté. Se disant athée, il s’amuse à défaire puis refaire l’identité juive en soulignant ses travers et en l’opposant aux valeurs de l’Amérique des années 50 et 60. Il refuse cependant l’étiquette « d’auteur juif américain » qu’il trouve trop réductrice.
2. ...au point d’être accusé d’antisémitisme
Cet examen sans gants blancs de la communauté juive ne sera pas sans conséquence. Dès la parution de son premier ouvrage, le recueil de nouvelles Goodbye Colombus, en 1959, Philip Roth se fait taxer d’antisémite. Ces graves accusations n’ont toutefois pas freiné l’engouement pour le livre et son auteur qui se voit récompensé du National Book Award l’année suivante. Goodbye Colombus sera porté au grand écran 10 ans plus tard.
3. Roth décomplexé
C’est son troisième roman qui fera entrer l’écrivain dans la légende. Véritable secousse, Portnoy et son complexe explore les joies du plaisir en solitaire (lire ici la masturbation) et l’obsession pour la figure maternelle à travers les yeux d’Alexander Portnoy, un avocat juif new-yorkais. Le livre fera scandale en raison de la description assez crue des actes sexuels et de la réflexion qu’il offre sur la communauté juive. Le livre s’écoulera à 275 000 exemplaires en à peine 48 heures.
En dépit de ce succès retentissant, la grogne monte. Philip Roth se fait à nouveau accuser d’antisémitisme.
4. Ligne mince entre réalité et fiction
Philip Roth était un petit farceur. Ses livres, malgré la sévérité des thèmes abordés, présentent une bonne dose d’humour et de sarcasme. L’auteur prenait aussi un malin plaisir à jouer avec l’esprit de ses lecteurs. Il a ainsi prêté son propre prénom à plusieurs de ses personnages principaux. Ces derniers évoluent dans des milieux fréquentés par Roth lui-même et se retrouvent plongés dans des situations qui semblent directement provenir d’anecdotes personnelles.
5. Une job su’l side
Après ses études, Philip Roth enseigne les lettres à l’Université de Chicago puis l’écriture à l’Université de l’Iowa jusqu’au début des années 60. De nombreuses années après avoir déserté la profession pour se consacrer à l’écriture, il revient à l’enseignement en donnant des cours de littérature comparée à l’Université de Pennsylvanie. Il met définitivement un terme à sa carrière de prof en 1992.
6. Un romancier politisé
Philip Roth n’a jamais caché son intérêt pour la politique américaine de son vivant. S’il évitait en général les plateaux télé pour en discuter, il se permettait de l’analyser à travers ses romans. Dans Pastorale américaine (1997), il explore les ravages de la guerre du Vietnam sur la conscience collective des États-Unis. Dans J’ai épousé un communiste (1998), il s’intéresse à la Peur rouge (Red scare) et à la chasse aux sorcières née du maccarthysme. Avec La tache (2000) il s’attaque au puritanisme américain.
Le complot contre l'Amérique (2004) imagine le destin d'une famille juive de Newark si les États-Unis avaient élu l'aviateur Charles Lindbergh, un sympathisant nazi notoire, plutôt que Franklin D. Roosevelt en 1940. Des observateurs affirment que la présidence de Donald Trump permet d’apprécier ce dernier ouvrage sous un nouveau jour.
Ces quatre livres comptent parmi les plus grands succès (critique et populaire) du romancier.
7. Récipiendaire d’un Pulitzer
Preuve desdits succès, Philip Roth remporte en 1998 un prix Pulitzer pour Pastorale américaine. Quatre ans plus tard, il se voit remettre le prix Médicis étranger en France, pour La tache. Même s’il a été pressenti à de nombreuses reprises pour le prix Nobel de la littérature au cours de sa longue carrière, Philip Roth n’a jamais réussi à mettre la main sur la prestigieuse récompense.
Le fait que le Nobel lui ait échappé aussi souvent constitue un peu un running-gag dans le monde littéraire. Haha.
8. Retraité depuis 2012
Philip Roth annonce sa retraite deux ans après la parution de son dernier roman Nemesis. Il explique son besoin de se retirer du monde littéraire en raison de la fatigue. L’écrivain confie alors que l’écriture occupe de moins en moins de place dans sa vie. En 2014, en entrevue avec un journal suédois, il révèle avoir occupé les années précédentes à relire chacun de ses 31 livres pour savoir « s’il avait perdu son temps ». Conscient de son excellence et de la constance de sa carrière Philip Roth ajoutera « qu’il ressent un grand soulagement ». « C'est une expérience presque sublime de n'avoir plus qu’à s'inquiéter de la mort. »