Elle fait voir des tableaux aux non-voyants
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Une Montréalaise a relevé le défi de faire voir des tableaux à des personnes qui sont devenues non-voyantes au cours de leur vie.
Dans le cadre de son mémoire de maîtrise en histoire de l’art, Patricia Bérubé souhaitait permettre aux individus ayant perdu la vue de saisir les couleurs et les motifs d’une toile par le touché.
«Je voulais apporter quelque chose d’utile à la société en faisant mon mémoire de maîtrise. J’ai étudié en animation 3D dans le passé aussi et j’ai toujours adoré la couleur», a raconté Mme Bérubé.
«Et un jour, j’ai dit à mon directeur de thèse ‘’il y a même des gens qui ne voient pas la couleur’’. Ç’a été un déclic pour moi. Je trouvais ça injuste que des gens n’aient pas accès à la couleur ou les motifs d’un tableau et l’idée est née de ça», a-t-elle ajouté.
L’étudiante a aussi mentionné que son projet est d’autant plus pertinent puisque le nombre de personnes aveugles dans le monde triplera d’ici 2050.
Inspiration Alfred Pellan
Pour réaliser ses prototypes, la jeune femme s’est inspirée de l’œuvre datant de 1948 d’Alfred Pellan, intitulée «Prisme d’yeux», qui est exposé au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM).
«Le prototype est deux fois moins gros que la toile originale pour que les non-voyants puissent y toucher facilement. Chaque couleur est représentée par une texture différente et il y a une légende tactile qui vient avec le prototype pour bien saisir le contenu de la toile. Un peu comme une peinture à numéro», a expliqué Patricia Bérubé.
Elle assure qu’un moment d’adaptation a été nécessaire avec ses neuf participants non-voyants qui l’ont aidé dans sa recherche, mais que tous ont été très ravis de l’expérience vécue.
Forts de leur succès, les prototypes ont même été prêtés au MBAM durant tout l’été et ils seront bientôt à la disposition du public comme outil de médiation.
Le Canada, en retard
«On est en retard ici et il manque d’outil pour aider les non-voyants à voir dans les musées, mais on s’est réveillé pour réagir maintenant avant qu’il soit trop tard. On embarque dans le train en marche, comme le font le MBAM et le Musée canadien pour les droits de la personne», a-t-elle mentionné.
L’étudiante, qui a terminé sa maîtrise cette année à l’Université de Montréal, entamera des études doctorales en médiation culturelle dès l’automne prochain. Elle continuera à étudier la situation des personnes qui ont une déficience visuelle et qui sont confrontées à un tableau au cours des quatre prochaines années.