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Des propriétaires ruinés par un terrain contaminé sur Le Plateau-Mont-Royal

La Ville de Montréal laisse des citoyens vivre sur un site qu’elle sait contaminé

Lucie Piché et Pascal Cormier ont acheté sans le savoir des immeubles construits sur une décharge municipale des années 1920. Le dépotoir a été remblayé pour construire notamment le parc Baldwin. Le site n’a jamais été décontaminé.
Lucie Piché et Pascal Cormier ont acheté sans le savoir des immeubles construits sur une décharge municipale des années 1920. Le dépotoir a été remblayé pour construire notamment le parc Baldwin. Le site n’a jamais été décontaminé. Photo ANNE CAROLINE DESPLANQUES


Des propriétaires de terrains contaminés qui tentent d’obtenir réparation de la part de Montréal reprochent à la Ville de les ruiner plutôt que de les aider.

« L’absurdité de la chose, c’est qu’on paie des deux bords : on paie les avocats de la Ville à travers nos taxes et puis on paie nos avocats en plus », gronde Lucie Piché.

Mme Piché a acheté un triplex près du parc Baldwin sur Le Plateau-Mont-Royal, en 2012, afin de s’assurer un revenu pour sa retraite. Mais, en novembre 2015, l’émission La Facture a révélé que le quartier était construit sur un ancien dépotoir municipal.

Les immeubles ont poussé par-dessus les poubelles dans les années 1920 sans que jamais les résidents successifs ne soient informés de ce qui pourrissait là.

Pour décontaminer son terrain, Mme Piché devrait investir plus de 1,5 million $, alors que sa propriété est évaluée à 918 000 $.

« Nos immeubles ne valent plus rien, mais pendant ce temps, la Ville continue d’augmenter la valeur foncière de nos maisons et les taxes », dénonce celle qui paie 7897 $ en taxes municipales.

Mme Piché et 13 autres propriétaires du secteur poursuivent la Ville pour 7 M$ pour avoir négligé de les informer.

Promesses

En campagne électorale, en octobre 2017, Valérie Plante avait promis d’aider les riverains du parc Baldwin si elle était élue.

« La préoccupation des citoyens, elle est fondée. On ne peut pas laisser nos citoyens vivre dans des endroits où c’est contaminé », avait-elle déclaré.

Mais devant la cour hier, l’avocat de la Ville, Olivier Nadon, a mentionné que « ici le préjudice, c’est la Ville qui le subit ».

Montréal nie sa responsabilité, multiplie les démarches judiciaires et exige que les citoyens démontrent eux-mêmes qu’ils vivent en zone contaminée.

En à peine plus d’un an, les citoyens calculent avoir dépensé près de 150 000 $ en frais d’expertise et d’avocats.

« Ce n’est pas à nous de payer pour le passif environnemental de la Ville, ce sont tous les citoyens de Montréal qui ont jeté leurs déchets ici », proteste Pascal Cormier, le voisin de Mme Piché.

Pas un sou

La ministre de l’Environnement Isabelle Melançon a elle aussi promis son aide aux propriétaires, en janvier.

« Mais, six mois plus tard, on a rien que des frais d’avocats et des taxes en plus », dit M. Cormier.

Le ministère a accordé une subvention de 75 M$ à Montréal en mars pour la décontamination des sols. Mais il a délégué à la Ville le choix des terrains à nettoyer. Dès l’annonce, la mairesse a souligné vouloir favoriser les projets de construction de logements sociaux.

La porte-parole de la mairesse Plante, Geneviève Jutras, indique au Journal que rien ne garantit que les terrains du secteur Baldwin seront admissibles au fonds. Les critères seront connus à l’automne.

Potentiellement dangereux

Biogaz explosif

Montréal a en main depuis 1994 un rapport qui démontre que du biogaz, produit par la putréfaction des déchets, s’échappe à la surface du sol à des concentrations pouvant provoquer des explosions. Ce document a cependant été gardé secret pendant deux décennies et la Ville n’en a pas tenu compte lorsqu’elle a accordé des contrats de construction alentour.

Légumes contaminés

En 2006, la Ville a interdit la culture de fruits et légumes dans le jardin communautaire du parc Baldwin, car la concentration de métaux lourds dans la terre est telle qu’elle représente un risque pour la santé. Les voisins n’ont cependant pas été informés que cultiver dans leur cour, juste à côté du parc, était risqué.

Hydrocarbures et métaux lourds

Pascal Cormier a demandé à la firme d’ingénierie DEC Enviro d’analyser la terre de sa cour, là où ont grandi ses trois enfants. Les ingénieurs ont découvert que la terre est si chargée d’hydrocarbures et de métaux lourds jusqu’à la surface qu’elle ne répond pas aux critères d’une zone résidentielle. Trop inquiète, la famille a décidé de déménager.







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