Êtes-vous prêt pour la guerre commerciale?
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L’arrivée de Donald Trump à la tête de la première puissance économique a quelque peu chamboulé le cours normal des affaires économiques mondiales.
On parle déjà de guerre commerciale entre les États-Unis et le Canada, entre les États-Unis et l’Europe, entre les États-Unis et la Chine. Bref, entre les États-Unis et les autres.
Mais sommes-nous vraiment à l’aube d’une catastrophe économique?
Le choix du protectionnisme
Là où auparavant libre échange et mondialisation faisaient consensus chez les élites, le président américain a décidé de suivre un autre chemin, celui du protectionnisme.
Le protectionnisme est une doctrine économique qui consiste à privilégier la production domestique. Il peut s’appliquer à tous les secteurs ou seulement quelques domaines bien choisis.
Dans la pratique, le modèle protectionniste peut s’appliquer de diverses manières.
La plus connue se traduit par l’augmentation des tarifs et des droits de douane. On taxe les produits importés afin de dissuader d’acheter étranger.
C’est ce qu’a fait le président Trump avec les taxes sur l’acier et l’aluminium à hauteur respectivement de 25% et 10%. Avec la Chine, les Américains ont opté pour des taxes de 25% sur 50 milliards d’importations.
Des mesures non tarifaires existent également, telles que les quotas et les normes techniques ou sanitaires.
Les gouvernements protectionnistes peuvent aussi limiter les investissements étrangers pour assurer leur souveraineté dans certains secteurs.
Les effets d’une guerre commerciale
L’imposition de taxes et de tarifs sur les importations étrangères dans un ou plusieurs secteurs ne reste pas sans réponse.
Les nations qui se voient imposées des mesures protectionnistes répliquent souvent en appliquant des mesures réciproques ou par des décisions sur d’autres domaines stratégiques.
Le Canada a répondu avec la réciprocité aux taxes de Trump sur l’acier et l’aluminium. La Chine a fait de même sur 50 milliards d’importations américaines.
Ces taxes n’ont en réalité que très peu d’impact sur les économies des deux pays. Elles ne s’attaquent par exemple qu’à 0,2% du PIB chinois.
Toutefois, la grande inquiétude est que ce jeu d’action-réaction mène à une escalade des antagonismes commerciaux entre deux pays, ce qui peut déboucher sur une guerre commerciale.
Suite à la réplique de Pékin, Donald Trump a d’ailleurs menacé de rajouter des tarifs sur 200 milliards d’importations chinoises.
Des analystes appréhendent une hausse des tensions commerciales qui pourrait mener à une récession mondiale.
Mais comme l’a rappelé le ministre québécois des Finances, «ce qu’on a, jusqu’à maintenant, ce sont des escarmouches».
Tout n’est pas rose sous le soleil libéral
La politique occidentale connaît de profonds remous. Des États-Unis à l’Italie, le paysage est en mutation et bouleverse certains préceptes de l’ordre ancien.
Bien que d’aucuns s’offusquent de la nouvelle tournure économique de certaines nations, beaucoup de critiques se sont aussi élevés auparavant contre le libre-échange et ses conséquences.
D’après une étude de l’Economic Policy Institute, l’ALENA avait déjà privé 700 000 Américains de leur emploi en 2010.
Une récente étude de l’IRIS conclut qu’en un quart de siècle, l’ALENA n’a stimulé ni la croissance ni les exportations du Canada.
Au Mexique, l’ALENA a résulté en une explosion de prix des produits de première nécessité, expliquant en partie l’immigration massive vers les États-Unis depuis la signature de l’accord.
En plus de leur influence économique directe, ces traités peuvent parfois nuire à la souveraineté des États et imposer aux populations des mesures qu’elles ne souhaitent pas.
Par exemple, l’ALENA est le premier traité de libre-échange qui a permis aux entreprises privées d’assigner les États devant les tribunaux pour contester une politique publique.
La plupart des traités de libre-échange ultérieurs ont suivi cette prérogative.
À suivre...
Avec la nouvelle vague protectionniste, le néolibéralisme libre-échangiste, jusqu’alors incontesté, se voit concurrencé par un autre modèle qui prône la sauvegarde des économies nationales plutôt que la mondialisation sans frontières.
Est-ce une vertu ou un désastre? On verra bien.