Robert Lepage de nouveau critiqué, cette fois pour l’absence de comédiens autochtones dans une pièce
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MONTRÉAL – Après la controverse autour de la production «SLĀV», le dramaturge Robert Lepage se retrouve de nouveau au centre d’un débat de même nature, cette fois en raison de l’absence de comédiens autochtones dans une pièce portant sur «l’histoire du Canada à travers le prisme des rapports entre Blancs et Autochtones».
Pour cette pièce intitulée «Kanata», Robert Lepage est metteur en scène invité et sa compagnie, Ex Machina, est coproductrice avec, notamment, le Théâtre du Soleil basé à Paris.
La pièce sera présentée pour la première fois au Festival d’Automne à Paris le 15 décembre prochain, puis au Québec en 2020.
Samedi, dans la page opinion du quotidien «Le Devoir», «Kanata» est visée par un «texte collectif» signé par 19 artistes et professionnels d’origine autochtone et par 12 «alliés cosignataires», dont le titre est: «Encore une fois, l’aventure se passera sans nous, les Autochtones?».
Les auteurs disent vouloir répondre aux propos tenus par la metteure en scène et animatrice du Théâtre du Soleil, Ariane Mnouchkine, dans les pages du «Devoir», mercredi, au sujet de «Kanata». Au «Devoir», Mme Mnouchkine a notamment dit que la distribution est «métissée et française à la fois», mais ne compte aucun comédien d’Amérique du Nord. Selon elle, cela n’est pas un problème.
Les signataires de la lettre d’opinion déplorent cette situation, disant que «l’un des grands problèmes que nous avons au Canada, c’est d’arriver à nous faire respecter au quotidien par la majorité, parfois tricotée très serré, même dans le milieu artistique».
«Notre invisibilité dans l’espace public, sur la scène, ne nous aide pas. Et cette invisibilité, Mme Mnouchkine et M. Lepage ne semblent pas en tenir compte [...].»
«Est-ce que les metteurs en scène de «Kanata» ont cherché une collaboration?» demandent-ils, afin de savoir si les promoteurs ont essayé d’aller au-delà de simples consultations sur le sujet auprès d’Autochtones.
«Mme Mnouchkine a exploré nos territoires, elle n’a plus besoin de nos services. Exit! Elle aime nos histoires, mais n’aime pas nos voix. Il nous semble que c’est une répétition de l’histoire et de tels agissements nous laissent un certain sentiment de déjà-vu.»
Dans la lettre, il est mentionné qu’Ex Machina profite déjà de financements du fédéral et du Québec et «nous savons qu’elle peut également obtenir des subventions vouées aux projets culturels en collaboration avec les Autochtones ou pour la réconciliation».
Ainsi, les auteurs s’interrogent «sur l’efficacité des mécanismes de contrôle d’utilisation de ces subventions». «Nos artistes sont de plus en plus nombreux et trouvent, eux, difficilement les fonds nécessaires pour faire briller à juste titre leurs talents et leurs œuvres.»
Cette nouvelle controverse survient peu après l’annulation, durant le Festival international de jazz de Montréal, de la pièce «SLĀV» qui met en scène des chants traditionnels afro-américains. La production avait été décriée et accusée de faire dans l’appropriation culturelle étant donné, notamment, le peu de représentants de la communauté noire dans la distribution.