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Les angoisses du souverainiste lucide

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Une catégorie particulière d’électeurs fera face à un épineux dilemme dans l’isoloir le 1er octobre.

Cette catégorie, c’est celle des gens qui croient encore à la souveraineté du Québec, même s’ils sentent les vents contraires.

Forcément, ces gens gardent une tendresse pour le PQ parce qu’il est le parti qui, plus que tout autre, incarne cette idée depuis sa fondation, il y a exactement 50 ans.

Conséquences

Si vous êtes un ex-souverainiste, quelqu’un qui pense que cette idée ne deviendra jamais réalité, comme François Legault, si vous êtes devenu un fédéraliste résigné ou enthousiaste, alors voter pour la CAQ est un choix facile.

Mais si la flamme de la souveraineté, bien que vacillante, n’est pas complètement éteinte en vous, le choix est beaucoup plus compliqué.

Normalement, un souverainiste vote pour un parti souverainiste, non ? Donc pour le PQ.

Je sais, il pourrait voter pour QS, mais si on a des oreilles pour entendre, les vraies priorités de QS sont la lutte à la pauvreté, la chasse aux racistes, les revendications LGBTQ2 et la liquidation du PQ.

Donc, un souverainiste « ordinaire » devrait logiquement voter pour le PQ, non ?

Euh, pas nécessairement.

SI le PQ lui-même repousse aux calendes grecques la souveraineté, pour des raisons dont il n’est pas responsable, il est compréhensible et pas du tout condamnable qu’un souverainiste soit tenté d’aller voir ailleurs.

Il est d’autant plus tenté d’aller voir ailleurs s’il veut absolument se débarrasser du PLQ, installé au pouvoir depuis trop longtemps.

Mais si beaucoup de souverainistes raisonnent ainsi, le PQ sera pulvérisé, réduit à une poignée de sièges, comme le Bloc.

Relancer ensuite le projet souverainiste, pour ceux qui y croient encore, sera d’autant plus ardu.

Un parti, c’est une organisation, des porte-parole, de l’argent, un accès aux médias, etc.

D’un autre côté, si ces souverainistes restent fidèles au PQ, ne font-ils pas le jeu d’un PLQ qui se maintient au pouvoir avec l’appui massif des minorités non francophones et en raison de la division en trois camps des francophones opposés à lui ?

Dilemme

Pour le dire autrement, il n’est pas impossible qu’un souverainiste qui vote pour la CAQ contribue à porter un coup mortel au PQ.

Mais il n’est pas impossible non plus qu’un souverainiste qui reste fidèle au PQ, alors que c’est la CAQ qui est la mieux placée pour battre le PLQ, fasse le jeu d’un PLQ... qui est le pire ennemi de la souveraineté.

Pour le dire encore autrement, le proverbial vote « tactique » pourrait, cette fois, avoir des conséquences dramatiques et historiques.

Mais un vote fondé sur la fidélité à un idéal pourrait aussi, cette fois, aider... les pires ennemis de cet idéal.

Méchant dilemme quand on y pense bien.

 

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