L’héritage
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Il y a des jeunes femmes qui savent qui est Lise Payette, parce qu’elles sont féministes ou souverainistes et qu’elles ont lu à son sujet, et des jeunes hommes qui connaissent Gilles Pelletier parce qu’ils étudient en théâtre ou qu’ils sont souverainistes ou qu’ils ont vu L’héritage en reprise.
D’autres, plus nombreux, ignorent qui sont ces antiquités trépassées dont la mort attriste leurs parents et grands-parents aujourd’hui.
Mais aucun n’a regardé Appelez-moi Lise ou vu Gilles Pelletier briller dans Un simple soldat de Marcel Dubé, présentés des années-lumière avant leur naissance.
Après nous
La transmission entre les générations me préoccupe. Nous ne pourrons leur léguer que ce qu’ils voudront retenir. Le passé pour le passé ne les intéresse pas.
On ne peut s’attendre à ce que l’œuvre complète des baby-boomers, ou de la génération X venue après, soit d’intérêt suffisant pour espérer que tout leur survivra. Que devrait-
on enfermer dans les caveaux de naguère jadis, et que doit-on mettre en lumière dans l’espoir d’éclairer le futur ?
Par exemple, d’accord pour Paul McCartney et pour la guerre à l’intolérance déclenchée par ma génération, mais non au gangsta rap et à la charte des valeurs. Des jeunes qui ont grandi avec des éducatrices en garderie portant hijab n’accepteront jamais que ces femmes représentent un danger pour la société.
J’espère que l’histoire se souviendra de Gilles Pelletier comme cofondateur de la Nouvelle Compagnie théâtrale, parce qu’il a fait aimer le théâtre à des milliers de jeunes Québécois, dont moi.
Sans minimiser l’œuvre de Lise Payette, je ne sais pas encore quoi retenir. La fin de sa vie a été parsemée d’incidents malheureux qui ont jeté un voile sur le reste. Elle a défendu les femmes, mais elle ne croyait pas aux réussites du féminisme.
Mais tous deux méritent qu’on leur dise merci.