Mort de son employé: un premier entrepreneur négligent s’en va en prison
Il écope de 18 mois de détention pour la mort d’un travailleur
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Pour la première fois au Québec, un entrepreneur en construction responsable de la mort d’un de ses employés a pris le chemin de la prison, bien que la peine de 18 mois ne soit pas suffisante aux yeux des proches de la victime.
« C’est une déception totale, mon père est mort enterré vivant, il a été exploité », a commenté Karine Gallant-Lévesque, la fille de Gilles Lévesque, juste après la condamnation de Sylvain Fournier, mardi au palais de justice de Montréal.
Fournier, 57 ans, était le propriétaire d’une compagnie d’excavation qui avait obtenu le contrat pour remplacer une conduite d’égout à Montréal, en avril 2012. Il y était allé avec un de ses employés, Gilles Lévesque, quand une tranchée mal sécurisée s’est effondrée sur eux.
M. Fournier a été blessé, tandis que M. Lévesque est décédé.
Homicide involontaire
« Le tribunal est naturellement sensible à ce malheur qui afflige la famille de Gilles Lévesque et, conscient que rien ne peut réparer cette catastrophe, souhaite qu’elle puisse, malgré tout, trouver l’apaisement et la sérénité », a dit le juge Pierre Dupras durant la lecture de son jugement.
Au terme de son procès, Fournier a été déclaré coupable d’homicide involontaire. Il espérait toutefois s’en sortir avec de la prison les fins de semaine, comme le suggérait son avocate Brigitte Martin. Me Sarah Sylvain-Laporte, de la Couronne, réclamait pour sa part trois années de pénitencier.
Pour le juge Dupras, Fournier aurait mérité deux ans de détention afin de dissuader quiconque de faire comme l’accusé. Mais en tenant compte des blessures qu’avait subies Fournier, il a réduit la sentence à 18 mois de prison, suivi d’une probation de deux ans.
Déception
« On est déçus, vraiment déçus, a réagi la fille de M. Lévesque, en compagnie de sa mère. Ça fait six ans et demi qu’on attend, et aujourd’hui il a pris un an et demi. C’est une déception. »
En réaction à cette condamnation, le syndicat de la FTQ-Construction a rappelé l’importance de la sécurité sur les chantiers.
« C’est une première, mais on est surpris qu’il n’y en ait pas eu d’autres. Il y a un paquet d’entreprises négligentes », a commenté Simon Lévesque, responsable de la santé et de la sécurité du travail à la FTQ-Construction.
Il rappelle d’ailleurs que si les ouvriers de la construction représentent 5 % de la main-d’œuvre au Québec, ils représentent aussi 25 % des décès sur les lieux de travail.
« Et on ne calcule pas les gens qui subissent des lésions graves », déplore-t-il.