Denis Savard immortel au Québec
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Denis Savard et Jesperi Kotkaniemi, même combat, différente époque. Le premier a connu une fulgurante carrière dans la LNH alors qu’il a su se démarquer parmi des hockeyeurs costauds et rudes. Le second pourrait s’en inspirer à ses premiers coups de patin dans le circuit Bettman.
Savard était de retour au bercail mardi, l’instant de célébrer son intronisation au Temple de la renommée du Panthéon des sports du Québec au club de golf Métropolitain, à Anjou, avec 10 autres personnalités de la scène sportive québécoise.
Durant ses 17 saisons dans la LNH, il a amassé 1513 points et marqué 539 buts en 1365 matchs. Savard avait tous les outils nécessaires pour connaître du succès, hormis son gabarit à une époque où les colosses régnaient en maîtres.
Malgré ses 5 pi 10 po et 173 livres, il ne reculait devant rien. Ultra talentueux, rapide comme l’éclair et habile fabricant de jeux, il a embêté les brigades défensives adverses.
Les fins observateurs voient chez Kotkaniemi un destin semblable à celui de Savard. Tous deux sont des sélections de troisième rang. En 1980, Savard, alors qu’il mesurait 5 pi 9 po et pesait 150 livres mouillé, avait été sélectionné par les Blackhawks de Chicago. Détenant le tout premier choix, le Canadien avait misé sur Doug Wickenheiser.
Trente-huit ans plus tard, le Tricolore a osé repêcher un frêle joueur de centre. L’avenir dira s’il a fait le bon choix à une époque où les petits joueurs peuvent pleinement exprimer leurs talents.
À sa saison recrue en 1980-1981, entouré d’Al Secord et Steve Larmer, Savard avait enfilé 28 buts et récolté 75 points en 76 matchs. Si jamais il devait rester à Montréal cet hiver, impossible de prédire si Kotkaniemi offrira une pareille production.
Celui qui est maintenant ambassadeur des Blackhawks n’a pu se mouiller sur l’espoir du Canadien, car il ne l’a jamais vu manier la rondelle. Il sait toutefois une chose : « C’est certain que dans le nouveau hockey, il devra être bien entouré et placé dans une situation où il pourra avoir du succès. La LNH, c’est une business. Il faut gagner. Il faut aussi savoir s’il fera l’équipe. »
En regardant ses Hawks, Savard voit plusieurs joueurs de petit gabarit avoir du succès. Il suffit de penser à Patrick Kane, un attaquant avec qui il peut se comparer.
Et si...
Ayant évolué à une époque où les petits joueurs n’avaient pas la cote, Savard carburait à la crainte de décevoir. Qui sait les miracles qu’il aurait pu accomplir si les officiels avaient appliqué le livre des règlements d’aujourd’hui à l’époque ? Il aurait foudroyé ses adversaires par sa vitesse d’exécution et ses habiletés.
Il préfère toutefois ne pas se livrer au jeu des comparaisons.
« C’est certain que ça m’aurait aidé. Les gars étaient plus gros et plus forts. Maintenant, ce sont encore de gros bonshommes, mais ils savent patiner et ils ont des habiletés. C’est différent. On ne peut pas comparer les époques. »
Chez lui
Savard avait quitté Chicago très tôt mardi matin pour recevoir un hommage qui lui a réchauffé le cœur. Même s’il habite en Illinois depuis belle lurette, il n’a jamais oublié son chez-soi.
« C’est un honneur individuel, mais je dois penser à l’ensemble. Il me ramène dans ma jeunesse. Il me ramène chez nous, sur la patinoire extérieure à Verdun où je jouais avec mes frères, André et Luc. Beaucoup de gens m’ont aidé, à commencer par ma famille et mes amis », a relaté l’homme de 57 ans dans un élan de nostalgie.
« La patinoire n’était pas loin de la maison. Ma mère demandait à madame Coderre d’allumer sa lumière. Elle habitait en face de la patinoire. Ça signifiait que je devais aller souper. Je peux dire que j’ai manqué beaucoup de soupers », s’est-il exclamé à la blague.
Montréal est aussi l’endroit où il a vécu son plus beau moment en carrière. Au printemps 1993, il a soulevé la coupe Stanley au Forum. Même s’il n’était pas en uniforme, il se souvient de Guy Carbonneau lui donnant le scintillant trophée sur la glace. Un moment de joie intense.
Le moment idéal pour faire le point
Quand on pense à Joannie Rochette, le déclic est automatique. Elle est la patineuse qui a gagné une médaille de bronze aux Jeux olympiques de Vancouver 48 heures après le décès de sa maman. Mardi soir, huit ans après le dramatique événement, la patineuse artistique a pu faire le point sur sa carrière.
Parmi les 11 personnalités intronisées au 28e Gala du Temple de la renommée du Panthéon des sports du Québec, Rochette a pu regarder sa carrière d’un œil différent. Outre cette médaille de bronze, ce drame avant le programme court olympique, elle a tout de même été sacrée championne canadienne six ans de suite. Elle a également gagné une médaille d’argent aux championnats du monde de 2009 à Los Angeles.
Sa plus grande fierté ?
« Il y a tellement de moments que je pourrais choisir. Mais je crois que celui de ne pas avoir arrêté ma carrière en 2004 est une grande fierté, a raconté la sympathique patineuse native de l’Île Dupas, dans Lanaudière. Cette année-là, mon entraîneuse, Manon Perron, m’avait mis à la porte du club, car j’avais un trop mauvais caractère. Je me souviens qu’elle courait après moi sur la glace pour que je sorte. Il y avait aussi d’autres problèmes. On ne s’entendait pas sur certaines choses. »
Cette fois-là, Rochette avait donc pris la porte pour aller patiner sous les ordres d’un autre coach avant de revenir sous l’aile de Manon Perron. C’est à ses côtés qu’elle avait vécu le drame de Vancouver.
« Je suis fière de ma médaille olympique, mais j’en ai un sentiment amer. Elle me rappelle un joyeux souvenir, mais il est très douloureux. J’essaie de ne pas me le remémorer trop souvent », a-t-elle expliqué, car cette réussite rime avec la crise cardiaque mortelle de sa mère, Thérèse.
Elle sort sa médaille à de rares occasions, ne serait-ce que pour donner des conférences. « Comme ça, si je me dis que si je ne livre pas une super bonne conférence, les gens peuvent au moins voir la médaille », a-t-elle lancé à la blague.
Pensées et remerciements
Quand elle a reçu son hommage mardi, sa maman était évidemment dans ses pensées. Elle l’a également partagé avec tous ses fidèles supporteurs, ceux qui l’ont suivi à ses compétitions durant des années. C’était une occasion de les remercier.
Après avoir dédié plus de 20 ans de sa vie au patinage artistique, Rochette s’est déconnectée de cet univers il y a trois ans. Elle dit parfois s’en ennuyer, mais elle n’a pas le temps dans ses poches. En pleines études de médecine à l’Université McGill, elle est littéralement plongée dans ses livres.
Le gala lui a permis de prendre une pause et de contempler ses réussites. Une opportunité qu’elle n’aurait pu savourer pleinement
Un hommage qui fait chaud au cœur
Homme de grand cœur et véritable mécène sportif sur les scènes québécoise et canadienne, Bernard Trottier a propulsé de nombreux athlètes vers les hautes sphères du sport. Il avait l’œil pour repérer ceux qui avaient le feu sacré.
Maintenant âgé de 86 ans, l’homme a perdu le décompte des athlètes qu’il a épaulés durant des décennies. Ce n’est pas une perte de mémoire, mais dans ses commerces de
Greenfield Park et de Montréal, il en a vu défiler plus d’un !
« J’ai aidé beaucoup de jeunes dans le besoin, car je devais le faire. J’ai commencé par Peter Duncan, a-t-il raconté, mardi soir, avant de faire son entrée au Panthéon des sports du Québec. Quand je voyais qu’un jeune avait du potentiel et de la volonté lors d’une rencontre, je faisais tout pour l’aider.
« C’était une passion et ce l’est encore, a ajouté celui qui s’apprête maintenant à donner un bon coup de pouce à la jeune planchiste québécoise Élizabeth Hosking afin qu’elle atteigne ses rêves. C’est une joie de fréquenter tous ces grands athlètes. »
Il va sans dire que l’honneur reçu mardi soir lui a fait chaud au cœur. Selon ses dires, elle est plus significative que la Médaille pour service méritoire de la division civile qu’il a reçue des mains de la gouverneure générale du Canada, Julie Payette, en décembre dernier dans une cérémonie à Rideau Hall.
« Les gens qui sont nommés ici sont des grands du sport au Québec. C’est grandiose d’être reconnu parmi eux », a dit celui qui avait une pensée pour les Jean-Luc Brassard, Nathalie Lambert, Sylvie Fréchette et Erik Guay, qu’il a entre autres aidés.
Devant d’immenses défis dans le monde du sport amateur, Bernard Trottier n’a jamais baissé les bras. Il a défoncé des portes et soutenu les athlètes. Il n’a jamais eu peur des projets. Quand l’un des siens était sur les rails, il n’hésitait pas à en lancer un autre.
Les 11 intronisés au Panthéon des sports du Québec
Denis Savard
Hockey, Verdun
Sélectionné par les Blackhawks de Chicago au 3e rang du repêchage de la LNH en 1980, il a totalisé 1513 points en 1365 matchs au fil de ses 17 saisons dans la LNH. Il a porté les couleurs des Hawks, du Canadien et du Lightning de Tampa Bay avant de prendre sa retraite en 1997. Il a remporté la coupe Stanley à Montréal en 1993 et fait son entrée au Temple de la renommée de la LNH en 2000.
Joannie Rochette
Patinage artistique, Île Dupas
Médaillée de bronze aux Jeux olympiques de Vancouver en 2010, elle a marqué le cœur des amateurs de sports et inspiré la planète sportive en faisant preuve de courage alors qu’elle a livré la performance de sa vie moins de 48 heures après avoir perdu sa mère dans des circonstances tragiques. Elle a aussi remporté les championnats canadiens six années de suite, soit de 2005 à 2010.
Guylaine Dumont
Volleyball et volleyball de plage , Saint-Antoine-de-Tilly
Celle qui est décrite comme la « meilleure volleyeuse canadienne de tous les temps » a participé aux Jeux olympiques de 2004 à Athènes en volleyball de plage. Avec sa coéquipière Annie Martin, elle a placé le drapeau canadien au 5e rang, une performance qui a été égalée à Rio en 2016. De 1989 à 2005, elle a remporté 12 championnats canadiens.
Guy Hemmings
Curling, Saint-Jean-sur-Richelieu
Premier athlète de curling admis au Panthéon des sports du Québec, il a propulsé le Québec sur l’échiquier canadien du curling en participant au prestigieux tournoi Brier à plusieurs reprises.
Andréanne Morin
Aviron, Québec
Ayant gravi rapidement les échelons de l’aviron au Canada, l’athlète s’est démarquée au huit de pointe. Après deux présences aux Jeux olympiques, elle a remporté la médaille de bronze à Londres en 2012.
Jean-Guy Ouellet
Volleyball et multisports
Ce bâtisseur a dédié sa vie aux sports. Il a dirigé bon nombre d’organisations sportives en plus d’ajouter des cordes à son arc puisqu’il a arbitre et entraîneur dans plusieurs disciplines, dont le volleyball, le basketball et l’athlétisme. Il est d’ailleurs le fondateur de la Fédération de volleyball du Québec.
Bernard Trottier
Chef de file et mécène sur la scène sportive, il a aidé une panoplie d’athlètes à atteindre les plus hauts sommets durant des décennies. Il s’est aussi grandement démarqué en s’impliquant auprès de Ski Canada à l’époque des Crazy Canucks.
À titre posthume
Maurice Fillion
Figure marquante de l’histoire du hockey au Québec, il a été un acteur important de l’intense rivalité Canadien-Nordiques. Il est décédé à l’âge de 85 ans, l’an dernier.
Édouard Carpentier
Célèbre pour ses acrobaties dans le ring, il est l’une des figures légendaires de la lutte québécoise. Il s’est produit à travers le monde alors qu’en 1957, il a été sacré champion de la National Wrestling Alliance.
Roger B. Mondor
Il a été l’un des pionniers de la promotion de la pratique sportive des personnes handicapées. Il a fondé la Fédération des loisirs et des sports pour handicapés en 1969.
Roy Alvin « Red » Storey
Il a œuvré dans plusieurs disciplines sportives. Au football, il a remporté la coupe Grey à deux reprises avec les Argonauts de Toronto. Il a aussi porté les couleurs des Royaux de Montréal, au hockey. Après sa carrière, il fut arbitre dans trois sports : le hockey, le football et la crosse.