Plus de 10 % des étudiants de l'UdeM ne mangent pas à leur faim
Plus d’un étudiant de l’Université de Montréal sur dix ne mangerait pas à sa faim, révèle une étude menée par une professeure en diététique qui vient de lancer un livre de recettes et d’astuces pour bien manger sans se ruiner.
La professeure titulaire en diététique à l’Université de Montréal (UdeM), Marie Marquis, a été alarmée de constater que 11 % des étudiants de cet établissement d’enseignement supérieur déclaraient ne pas toujours manger suffisamment pour des raisons de précarité financière.
C’est dans le cadre d’une étude sur les motivations alimentaires qu’elle a menée auprès de 857 étudiants que cette statistique a été révélée. Par ailleurs, les trois quarts des répondants ont affirmé choisir leurs aliments en fonction de leur prix.
L’étude doit paraître prochainement dans la revue scientifique «International Journal of Consumer Studies».
Insécurité
L’insécurité alimentaire chez les étudiants n’est pas exclusive à l’Université de Montréal. Le Bilan-FAIM 2017, un rapport produit annuellement par les Banques alimentaires du Québec, révélait que 7 % des utilisateurs de ce service étaient des étudiants de niveau postsecondaire, un taux qui a bondi de 2,4 % en un an.
«C’est triste et épouvantable, s'est désolée Marie Marquis. Évidemment, quand on est préoccupé à se trouver de la nourriture pour manger, c’est source de stress et d’anxiété et il y a même des liens avec la dépression et certainement des liens très forts sur l’estime de soi. »
Ultimement, a-t-elle ajouté, la précarité alimentaire ne peut qu’avoir des effets néfastes sur les performances académiques.
L’UdeM abrite sa propre banque alimentaire, approvisionnée par Moisson Montréal, où sont distribuées chaque semaine des denrées aux étudiants dans le besoin. En 2016, 90 personnes fréquentaient hebdomadairement l’endroit. Aujourd’hui, ils sont 200.
Les parents étudiants et les étudiants internationaux représentent la plus grande part des utilisateurs de ce service alimentaire.
L’enjeu de l’insécurité alimentaire chez les étudiants est encore plus alarmant dans le reste du Canada, dévoile l’étude de Mme Marquis. Entre 26 et 39 % des étudiants de trois universités situées en Colombie-Britannique, en Saskatchewan et en Nouvelle-Écosse ne mangeraient pas toujours à leur faim pour des raisons financières.
Livre de recettes
Pour tenter d’améliorer la situation, Marie Marquis a dirigé la création de «Viens manger!», un livre électronique de recettes simples et rapides et de trucs pour bien manger avec un petit budget.
Les 85 recettes ont toutes passé le test de ne coûter que 3 $ ou moins par portion.
Utiliser des bons de réduction, magasiner en fonction des meilleurs prix, être sensible aux coupes d’aliments que l’on achète et privilégier les aliments moches font partie des nombreuses astuces énumérées dans la première partie du livre.
Si la population étudiante est reconnue comme étant souvent aux prises avec des horaires chargés et des problèmes de stress, Mme Marquis souligne que la planification des repas est la meilleure option pour économiser.
«Il faut s’exercer. Plus on est capable de le faire d’avance, plus on s’enlève un stress, un poids. On fait aussi des choix plus économiques et on mange mieux», a-t-elle affirmé.
Trois recettes à moins de 3 $ par portion
Croque-madame (0,95 $ par portion)
- 2 tranches de pain de blé entier
- 60 g de fromage mozzarella
- 1/2 tomate, tranchée
- 1 c. à thé d’huile de canola
- 2 œufs
Sauce rosée au micro-ondes (0,45 $ par portion)
- 4 c. à thé de beurre ou de margarine
- 4 c. à thé de farine
- 1 tasse de lait
- 1 gousse d’ail, hachée
- 1/4 de tasse de pâte de tomates
- 1 c. à thé d’épices italiennes
- sel et poivre
Fish and chips au four (2,10 $ par portion)
- 5 filets de sole surgelés
- 1/3 de tasse de farine
- 1 œuf, battu
- sel et poivre au goût
- 3/4 de tasse de chapelure