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Crise diplomatique: un «tweet» a failli coûter 17,4 M$ à McGill

La crise avec Riyad aurait pu être catastrophique



OTTAWA | La crise diplomatique entre le Canada et l’Arabie saoudite causée par un «tweet» du gouvernement canadien a failli coûter 17,4 M$ à McGill et entraîner une catastrophe financière pour sa réputée faculté de médecine.

«Si cette décision [de l’Arabie saoudite] affecte les résidents et les fellows, nous sommes en énorme péril financier [...] Les conséquences du départ de ces étudiants seraient potentiellement catastrophiques pour nos finances autant que pour nos soins cliniques», a écrit le 6 août dernier le Dr David Eidelman, doyen de la Faculté de médecine de McGill. Ces informations sont contenues dans des notes et des courriels obtenus par Le Journal à la suite d'une demande d'accès à l’information.

Le Dr Eidelman réagissait à la décision du Royaume d’Arabie saoudite, de rapatrier tous les étudiants saoudiens se trouvant au Canada au milieu de l’été.

La cause: une crise diplomatique qui a éclaté le 5 août à la suite d’un gazouillis du ministère canadien des Affaires étrangères demandant la «libération immédiate» de militantes pour les droits de l’homme. L’une d’entre elles était Samar Badawi, la sœur du blogueur emprisonné Raif Badawi.

L’Arabie saoudite a avalé de travers ce message et a rapidement expulsé du pays l’ambassadeur canadien, avant d’annoncer le rapatriement de ses étudiants au Canada. Ce n’est qu’en octobre que le royaume a décidé de réviser sa décision.

17,4 M$ presque perdus

Le hic: la plupart d’entre eux étudient en médecine et leur formation (100 000 $ par année) est entièrement financée par le gouvernement saoudien. Cette année, 229 résidents et fellows saoudiens étudient à la faculté de médecine. À ce nombre s’ajoutent plus de 50 étudiants à la maîtrise et au doctorat.

Aussi le départ des résidents en médecine entraînerait-il «un manque de liquidités massif» à l’université, s’inquiétait le Dr Eidelman dans des courriels datés des 9 et 10 août.

«Cette situation très regrettable risque de créer de graves problèmes à court et à moyen terme pour notre faculté et notre université. Nous accueillons les résidents saoudiens depuis plus de 40 ans et dépendons désormais d'eux», a-t-il écrit.

Au final, McGill aurait perdu 17,4 M$ entre septembre 2018 et juin 2019 si les Saoudiens étaient partis, selon une note datée du 7 septembre.

«Au final, ce sont les étudiants au doctorat qui sont pénalisés et paieront le prix de la diplomatie par “tweet”», ajoutait le doyen de la faculté dans un courriel au début septembre, avant de savoir qu’il leur serait également permis de rester au pays.

Recherche d’économies

Même si l’exode n’a finalement pas eu lieu, le doyen de la faculté indiquait qu’un rapatriement des Saoudiens représente toujours un risque financier important pour l'université.

«La Faculté de médecine étudie des moyens de réduire les coûts liés au programme, notamment un moratoire temporaire sur le recrutement de personnel administratif et de soutien», a-t-il indiqué. Il a également suggéré la mise en place d’un comité pour trouver des façons de diversifier les revenus de la faculté et contrôler les coûts.

«Tous les résidents et fellows saoudiens en médecine à l’Université McGill, sauf trois, sont revenus cet automne. L’incidence financière de la situation sur la Faculté de médecine a donc été négligeable», a pour sa part réagi McGill, qui ajoute que les répercussions de cette crise sur le nombre total d’inscriptions d’élèves saoudiens ont été très limitées.







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