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«Les Indiens sont méchants»

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Cette affirmation coup de poing, pleine de préjugés, c’est mon fils qui l’a prononcée haut et fort, presque avec fierté. Il vient d’avoir 4 ans. Il est encore tout neuf et, déjà, il a une perception négative des Premières Nations.

En entendant ce jugement de valeur grinçant, «les Indiens sont méchants», j’ai tenté de camoufler que je venais de m’étouffer avec ma gorgée de café. En continuant à jouer à la bataille dinosaure contre dragon, j’ai fait semblant de rien et questionné mon fiston afin de savoir pourquoi il disait cela et d’où venait ce préjugé?

«Ils coupent des têtes.»

Voilà la raison qu’il m’a donnée : «Ils coupent des têtes.» Ayoye, ça fesse comme argument! C’est bien évident que couper des têtes, ce n’est pas très gentil, n’est-ce pas?

Ma petite enquête

Mais qui a bien pu faire entrer une ânerie pareille dans l’esprit de mon petit bonhomme, et surtout, quand?

La vie de mon garçon se résume à être avec nous, sa famille, ou au CPE.

J’ai exposé mon malaise et mon questionnement à l’éducatrice de fiston avec qui j’entretiens une complicité exceptionnelle. 

Elle m’a alors raconté qu’un enfant de son groupe des 3 à 4 ans est arrivé un beau matin et s’est mis raconter à tous les bambins que les Indiens possédaient «des haches très aiguisées pour couper des têtes.»  Lui aussi a dû prendre ça quelque part. Ce genre de discours s’invente difficilement.

L’intervenante a saisi la balle au bond et s’est mise à parler de l’importance de la hache pour couper du bois afin de faire des feux, autant pour les Premières Nations que pour n’importe qui vit en contact avec la nature.

Mais l’idée «des Indiens qui coupent des têtes» est entrée dans l’imaginaire de fiston comme une tonne de briques.

Racisme et préjugés dès 3 ans ½

C’est bien à cet âge, entre 3 et 4 ans, que le racisme et la discrimination commencent à s’exprimer chez les enfants, révèle une étude menée auprès de 7000 enfants pour la plupart âgés de moins de 6 ans.

De plus, selon une analyse de 113 études, datant de 2012, les enfants qui sont en contact avec plusieurs groupes ethniques développent moins de préjugés que ceux issus d’un milieu plus homogène comme c’est le cas chez moi à Québec.

La méta-analyse précise aussi que les parents ont un rôle important à jouer pour apprendre le respect des autres cultures à leur progéniture en étant des modèles positifs dans leurs rapports avec les individus d’autres ethnies. Un secret de polichinelle peut-être, mais qu’il est toujours bon de se rappeler.

Une porte ouverte

J’ai donc perçu dans cet épisode tout enfantin des «Indiens méchants» une magnifique porte qui s’ouvrait pour éduquer mon fils aux Premières Nations.

Je me suis donc procuré à la bibliothèque une série de livres délicieusement bien rédigés et illustrés pour les enfants au sujet des Premières Nations. Des œuvres écrites par Michel Noël, écrivain et ethnologue d’origine algonquine. Ce sera notre lecture avant dodo.

Quand le petit sera couché, maman, elle, va lire avec beaucoup d’intérêt le rapport de la Commission Viens qui sera déposé dans quelques jours. C’est alors qu’on aura les conclusions de ce groupe mandaté pour faire la lumière sur les enjeux systémiques qui caractérisent la relation entre les Autochtones et les intervenants de certains services publics au Québec.

Mais ça, c’est comme les «scalps», pas besoin d’en parler à un enfant de 4 ans... 

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