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Construire un pont en 1886

1886

Construire un pont en 1886
Photo courtoisie de Bibliothèque et Archives Canada, le pont Saint-Laurent en construction, vue de la Rive-Sud, Montréal. Qc. Déc. 20, 1886, PA-126434

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Photo d'archives, PIerre-Paul Poulin
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Un défi de taille

Sur les berges de Caughnawaga (aujourd’hui Kahnawake), ces hommes viennent voir l’avancée des travaux sur le pont ferroviaire Saint-Laurent, le 20 décembre 1886. Vingt-cinq ans après l’inauguration du pont Victoria par le Grand Tronc, voilà qu’une compagnie concurrente, le Canadien Pacifique, veut son propre pont pour traverser le fleuve. Les travaux ayant débuté en 1885, les travailleurs de la Dominion Bridge achevaient le 13e et dernier pilier en octobre 1886. En limitant le nombre d’appuis pour soutenir la structure d’acier, on obtient de plus longues travées. Plus économique, ce choix minimise les entraves à la drave et les risques d’embâcles de glace spectaculaires. Confié à une équipe de riveteurs, dont une douzaine sont d’origine mohawk, l’assemblage de l’arche centrale, la plus longue au monde à l’époque, peut alors commencer. Construit deux fois plus rapidement à un coût trois fois moins élevé que le pont Victoria, ce pont du Canadien Pacifique est complété à la fin juillet 1887.

Deux ponts côte à côte

Construire un pont en 1886
Photo courtoisie de Pointe-à-Callière, Collection Christian Paquin, St. Lawrence bridge, C.P.R., J.A. Clément, Druggist, Lachine. st_lawrence_bridge_pac-ccp

Sur la rive, les badauds regardent une manœuvre délicate. Remorqué par une barge à vapeur, le nouveau tablier du pont Saint-Laurent est glissé jusqu’à son appui sur le fleuve. Visible à l’arrière, le pont original aux courbes élégantes laissera bientôt place à une nouvelle structure à la charpente d’acier plus conventionnelle. Alors qu’augmentent le trafic, la vitesse des trains et le poids des locomotives, la fragile voie unique du pont de 1885 ne suffit plus. Les travaux s’étalant sur trois ans, le deuxième pont Saint-Laurent est inauguré en novembre 1913. Comme pour le premier pont, les Mohawks ont travaillé sur le chantier. Ce n’est pas sans crainte que les mères voient leurs jeunes fils partir vers le pont en construction chaque matin. Quelques années plus tôt, 33 hommes de la communauté avaient péri lorsque le pont de Québec s’effondra, le 29 août 1907. Métier périlleux, ce travail fait néanmoins la renommée des hommes de Kahnawake pendant plus de 100 ans.

Un pont, un travail, un symbole

Construire un pont en 1886
Photo courtoisie de Bibliothèque et Archives Canada, Dominion Bridge Co. Canadian Pacific Railway, Lachine Bridge - shoe of 270’ span, PA-102709

C’est au travail sur la travée que l’on retrouve les hommes de Kahnawake, vers 1913. Surnommé le « Black Bridge », le pont ferroviaire Saint-Laurent revêt une importance particulière pour les Mohawks. Ayant participé à la construction du pont Victoria entre 1856 et 1859, c’est au chantier du premier pont Saint-Laurent, entre 1885 et 1887, que se révèle véritablement l’habileté des Mohawks pour le travail en altitude. Engagés comme simples travailleurs, leur tolérance exceptionnelle au vertige et au bruit infernal du rivetage est rapidement remarquée par leur employeur, la Dominion Bridge. Recherchés par la suite pour leur agilité en tant que monteurs de charpentes d’acier, les hommes montrent le travail à leurs fils, contribuant ainsi à la construction de nombreux ponts et gratte-ciel au Canada et aux États-Unis. Symbole fort de la communauté, le Black Bridge est aujourd’hui l’emblème de la bière de microbrasserie brassée à Kahnawake.

 

 

 

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