Les deux mains sur le volant
Jannick Bouthillette s’est joint à une ex-collègue pour démarrer un projet d’affaires
Jannick Bouthillette ne voulait pas rester dans le confort de son emploi stable, malgré la routine qui s’installait. Après avoir travaillé pendant plus de cinq ans dans le domaine de l’édition juridique, cette avocate de formation a eu l’impression de plafonner.
« On parle beaucoup de l’ambition des femmes à atteindre des postes de haut niveau. Mais avoir de l’ambition, ce n’est pas seulement viser le pouvoir et les gros salaires. Mon objectif était de créer un lieu pour que les femmes puissent se rencontrer et nourrir leur ambition professionnelle. »
Jannick a choisi de s’établir à son compte (il faut bien payer les factures) tout en se mettant à la recherche de son nouveau défi professionnel. L’idée de se lancer en affaires a fait tranquillement son chemin.
En 2016, elle a fondé Profession’ELLE, qui s’est donné pour mission d’accompagner les femmes dans la progression de leur carrière en leur offrant de l’inspiration, des outils et des conseils.
L’entrepreneuriat était une voie logique pour cette femme qui « aime avoir les mains sur le volant ». Il n’était toutefois pas question pour elle de plonger seule dans cette aventure.
« J’ai approché une ancienne collègue, Gaëlle Bodin. Je savais qu’on travaillait bien ensemble et que l’on avait des forces complémentaires. Je suis la spécialiste du développement de projet et elle excelle dans le côté opérationnel. J’ai dû lui faire un bon pitch puisqu’il m’a fallu moins d’une heure pour la convaincre », raconte Jannick Bouthillette.
Nouveau virage
De l’idée au succès, la route est souvent semée d’embûches. Les deux associées en savent quelque chose. Au départ, elles ont lancé un magazine web avec une formule abonnement.
« Ça a été notre premier flop, raconte Jannick Bouthillette. On s’est vite rendu compte que les gens ne voulaient pas payer pour du contenu. »
Au début de 2017, les deux femmes relèvent leurs manches et adoptent un nouveau modèle d’affaires. Elles décident d’organiser des conférences sur des thématiques reliées à la carrière. Au bout de quelques mois, il leur a fallu se rendre à l’évidence. « C’était notre deuxième flop ! »
Un événement avait toutefois été plus populaire que les autres. « En plus de la conférence, on avait tenu une activité de réseautage qui avait plu aux participantes. Elles en redemandaient. »
Encore une fois, elles font prendre un virage à leur entreprise qui offre dorénavant des soirées de conférences-réseautage pour favoriser les échanges, le partage d’expérience et les rencontres inspirantes. Ce deuxième pivot sera le bon !
Profession’ELLE organise aujourd’hui plusieurs soirées chaque mois à Montréal, Laval et Longueuil autour de thématiques comme la mission professionnelle, l’image de soi, les biais inconscients, etc. L’affluence est au rendez-vous et plusieurs événements affichent complet.
« Notre mission est toujours restée la même, mais il nous a fallu trouver le service qui répondait vraiment à un besoin pour que les participantes nous suivent. C’est vraiment en 2018 que l’entreprise a pris son envol », explique Jannick Bouthillette.
Croire en soi-même
Elle et Gaëlle Bodin vivent aujourd’hui des moments grisants, ce qui était loin d’être le cas à la même période l’an passé.
« On n’a jamais voulu se poser la question à savoir si on allait y arriver un jour, on avait trop peur de la réponse... Nous relever nous a demandé beaucoup de courage. Il nous a fallu croire en nous-mêmes malgré tout. »
Elles entament 2019 la tête remplie de projets. Elles développent notamment une nouvelle formule d’activités de réseautage « plus actif ». « Les participantes seront au cœur de l’événement pour exprimer leurs défis professionnels. On veut profiter de la force du groupe pour aider les femmes à avancer dans leur cheminement. »
Elles veulent aussi offrir de nouveaux outils et services axés sur le développement de carrière. Des embauches sont prévues au cours des prochains mois.
Pour Jannick Bouthillette, qui est mère de trois enfants de moins de 10 ans, être entrepreneure est « un apprentissage au quotidien ». Ce n’est rien pour la faire revenir au carcan du 9 à 5.
« La charge de travail est immense, mais je peux la faire au moment qui me convient. Il y a beaucoup plus de positif que de négatif. J’ai gagné le pouvoir de me créer un horaire qui me convient et qui facilite la vie familiale. » Sans parler de la satisfaction à savoir relever les défis !
Jannick Bouthillette
- 41 ans
- Baccalauréat en droit, Université de Montréal, 2000
- Éditrice juridique, LexisNexis Canada, 2005 à 2010
- Réviseure de textes juridiques (à son compte), 2010 à 2016
- Cofondatrice de Profession’ELLE, 2016
UNE DE NOS MEILLEURES DÉCISIONS
- « Demander à une associée d’embarquer avec moi dans le projet d’entreprise. »
UNE DE NOS PIRES DÉCISIONS
- « Présumer des besoins de la clientèle visée sans faire un vrai travail de validation avant de nous lancer. »
► Vous avez vécu la même expérience. Écrivez-nous : pmeinc@quebecormedia.com