Meurtre par compassion: le désespoir d’un proche aidant
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La Montréalaise atteinte d’Alzheimer que son mari a tuée par compassion répétait qu’elle préférait mourir dans la dignité plutôt que de dépérir, a témoigné sa sœur, mercredi.
« Notre mère est décédée avec l’Alzheimer, Jocelyne m’a dit à maintes reprises qu’elle ne voulait pas perdre sa dignité. Elle disait : “Si moi je dois rester attachée, je préfère mourir” », a expliqué Johanne Lizotte mercredi au palais de justice de Montréal.
Mme Lizotte témoignait pour la défense au procès de son beau-frère Michel Cadotte, accusé du meurtre au deuxième degré de Jocelyne Lizotte. Pour la défense, il ne peut pas être reconnu coupable de ce crime survenu le 20 février 2017.
« Il a vécu la fatigue, l’usure, ce qui l’a mené au désespoir et à la dépression », a dit l’avocat Nicolas Welt au jury.
Tous s’accordent pour dire que Cadotte était un mari qui prenait soin de sa femme de 60 ans, même si elle ne reconnaissait plus ses proches et qu’elle passait son temps attachée au CHSLD du Centre-Sud.
Plein les bras
« Michel était très patient avec elle, mais je constatais qu’il en avait plein les bras », a expliqué Johanne Lizotte.
En 2016, avec l’accord de proches, M. Cadotte avait fait une demande d’aide médicale à mourir, mais elle avait été refusée, car Mme Lizotte n’était ni en fin de vie ni en mesure de donner son consentement.
Dévasté, M. Cadotte a dit à plusieurs proches qu’il avait sur lui une seringue, et qu’il pensait abréger ses souffrances. Il l’a finalement tuée en l’étouffant avec un oreiller avant de prévenir le personnel du CHSLD.
« Il a été poussé au bout de ses ressources », a résumé Me Welt, qui défend l’accusé avec l’avocat Elfriede Duclervil.
Le procès se poursuit jeudi. Il reste trois témoins à faire entendre pour la défense, dont Michel Cadotte.