La prison Leclerc pour femmes: un pénitencier «complètement scrap»
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«Les femmes sont envoyées dans un pénitencier qui est complètement scrap», s’est indignée Lucie Lemonde, porte-parole de la Ligue des droits et libertés, sur QUB radio.
L’établissement carcéral pour femmes Leclerc, à Laval, est sous les projecteurs depuis cet automne, depuis que des femmes détenues ont témoigné des conditions de détention médiocres dans lesquelles elles vivent.
La Coalition d’action et de surveillance sur l’incarcération des femmes au Québec (CASIFQ) a appelé l’ONU à agir en décembre dernier et il a été demandé que la protectrice du citoyen ouvre une enquête.
«Le chauffage est inadéquat, a assuré Mme Lemonde à l’émission Les Effrontéess. Les femmes dorment avec leur manteau d’hiver. Le délabrement des lieux a pris le dessus. Il y a des infestations de souris et de punaises de lit. L’eau sort brunâtre et les gardes n’en boivent pas eux-mêmes.»
Le pénitencier, qui en était d’abord un pour hommes, avait été fermé par le gouvernement fédéral en 2012. Les gardes qui s’y trouvent sont des «gardes qui étaient habitués de travailler avec des hommes», a déploré Mme Lemonde. Les fouilles à nu sont multiples et les injures fusent de la part du personnel, selon elle.
«La prison, c’est pas un Hilton, mais on parle quasiment de crise humanitaire, a-t-elle lancé. Mais pour le gouvernement du Québec, ce n’est pas une priorité budgétaire.»
La situation est d’autant plus problématique que les peines qui y sont purgées sont liées à des délits mineurs. «La moyenne des peines est de deux mois. Ce sont des petits crimes, a-t-elle renchéri. Près de 80 % d'entre elles sont autant des victimes que des criminelles», a-t-elle ajouté.
La présidente de l’Association des avocats carcéralistes progressistes, Me Mélanie Martel, est également choquée par la situation. Interrogée aussi par les Effrontées sur QUB radio, elle a rappelé que les détenus sont des personnes «qui ont des droits comme toutes les autres.»
Elle a surtout rappelé que ces femmes purgent de courtes peines (moins de deux ans) et que par la suite, elles deviendront «nos voisines». «On ne veut pas qu’elles ressortent avec un goût amer contre le système», a-t-elle soutenu.
Se portant à la défense des personnes incarcérées au quotidien, elle connaît le contexte de leur détention et elle juge que le manque de services est problématique. «Avoir accès à un médecin, un psychiatre ou un psychologue, c’est quasiment impossible», a-t-elle dit en précisant que de nombreuses détenues du pénitencier Leclerc ont des problèmes de santé mentale que personne n’essaie de régler.