«Papa, maman, aujourd'hui, vous fermez vos cellulaires!»
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Cette demande a été formulée par une fillette de 6 ans, un beau dimanche matin. Une maturité surprenante pour une enfant qui, dirait-on, n’a pas encore atteint l’âge de raison. C’est bien pour dire! La gamine a clairement verbalisé qu’elle souhaitait que tous les dimanches soient dorénavant des journées sans cellulaire. En seriez-vous capables? Je vous avoue, non pas sans honte, que, pour l’instant, je réponds «non» à cette question.
La demande a surpris les parents et les a confrontés, en toute délicatesse, à leurs comportements et à leur attachement viscéral à leur téléphone mobile, même lors des journées de congé en famille.
Un si petit appareil qui prend pourtant une si grande place dans nos vies, au point où une fillette trouve cela si envahissant qu’elle réclame que son père et sa mère se mettent «en mode avion» au moins une journée par semaine pour être totalement présents!
Un vrai «reality check». Exit le mode virtuel. Bienvenue dans le monde réel!
Me justifier
Quand les parents m’ont partagé le vœu de leur fille, «je l’ai pris bien personnel», comme on dit en anglais.
La demande leur a été formulée à eux, mais, pour moi, c’est comme si cette enfant parlait au nom des enfants qui m’entourent, à commencer par ceux qui partagent mon quotidien.
Par respect pour eux, j’ai envisagé d’adopter cette habitude d’une journée de fin de semaine sans téléphone.
Je n’y arrive pas!
Je me justifie par la valeur que j’accorde à toutes ces communications que j’estime essentielles. Je veux savoir par texto si les ados viennent souper. Mon chum et moi envoyons à l’autre la liste de ce qu’il faut rapporter de l’épicerie. Ou encore j’envoie une invitation électronique à des amis pour un souper improvisé.
Bref, que de bonnes raisons qui, en fin de compte, font en sorte que je suis incapable de «tirer la plogue» de ce câble virtuel qui me tient captive entre deux mondes.
La mobidépendance est parmi nous
Je ne suis pas la seule.
66 % des Canadiens jettent un coup d’œil à leur téléphone au moins une fois par heure et plus d’une personne sur deux utilise même son portable à la salle de bain!
Avec un tel constat, force est d’admettre que la mobidépendance est parmi nous.
L’exception
La seule personne que je connais qui réussit à couper, le temps d’une journée, la laisse imaginaire qui le retient à son mobile est, étonnamment, mon «workaholic» de frère.
Tous les vendredis, du coucher du soleil au samedi soir, personne ne peut le joindre. Si on veut lui parler, c’est dans le monde réel qu’on doit le faire. En personne.
De confession juive mais non orthodoxe, il respecte néanmoins depuis quelques années ce temps précieux en famille qu’est le shabbat. Une règle de vie qui, certifie-t-il, a changé son existence pour le mieux. Pas de stress, du temps de qualité avec ceux qu’il aime et le sentiment profond de débrancher – c’est le cas de le dire – pour se ressourcer.
Du temps sacré en famille
Ma conversation avec mon frère m’amène à me questionner sur la valeur que j’accorde à la présence de mes proches, mes beaux-enfants et mon fils.
Si je considérais que ce temps avec eux était tout simplement sacré, non pas dans une perspective religieuse, mais dans le sens de «digne d’un respect absolu». N’est-ce pas ce que les enfants qui partagent ma vie méritent?
Dimanche, j’essaie de nouveau.