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Avalanche d’accusations

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Le comité des affaires juridiques de la Chambre des représentants a demandé à 81 individus et groupes une montagne de documents sur un nombre incalculable d’allégations contre le président. En réponse, Donald Trump joue à la victime et il pourrait bien s’en tirer.

À Ottawa, une seule affaire d’abus de pouvoir menace le gouvernement libéral d’implosion. Les sondages indiquent que l’opinion a réagi vivement et on peut s’attendre à d’autres mouvements d’opinion selon l’évolution des faits. Tout cela semble normal, et même plutôt sain.

Pendant ce temps, à Washington, on ne compte plus les scandales équivalents ou pires qui touchent Donald Trump. Pourtant, son taux d’approbation fait du surplace, sa destitution est loin d’être assurée et sa réélection n’est pas exclue. Pourquoi ?

Assez pour destituer ?

On a déjà des preuves solides que Donald Trump est lié aux fraudes électorales pour lesquelles son ex-avocat ira en prison. Les démocrates sont aussi déjà convaincus qu’ils pourraient soutenir des accusations d’entrave à la justice.

Même si on n’a pas encore vu le rapport Mueller, et avant même que le Congrès n’ait entendu les dizaines de témoins à venir, on pourrait rédiger un acte d’accusation contre Trump au moins aussi convaincant que celui que les républicains avaient appuyé contre Bill Clinton en 1998.

Malgré tout, le leadership démocrate au Congrès évite soigneusement de s’engager fermement sur la voix d’un processus de destitution.

Dilemme démocrate

Une majorité à la Chambre suffirait pour mettre Trump en accusation, mais pour le destituer, il faudrait convaincre vingt sénateurs républicains. Or, peu d’entre eux osent défier les partisans inconditionnels de Trump.

Selon un récent sondage Quinnipiac, 65 % des Américains — dont un républicain sur quatre — jugent Trump malhonnête. Des proportions semblables croient qu’il a commis des crimes. Plusieurs républicains voteraient donc pour lui même s’ils le croient coupable de crimes.

Bref, tant que les accusations contre Trump laisseront la moindre place à l’interprétation, ses partisans républicains le défendront et leurs élus plaideront le bénéfice du doute pour ne pas se mettre les trumpistes inconditionnels à dos.

Nouvelle normalité

C’est le tribalisme partisan qui gardera Donald Trump à flot malgré le torrent d’accusations qui l’attendent et, dans le climat actuel de polarisation, la partisanerie est une drogue dure.

On l’a vu lors du discours du président samedi dernier, alors que ses partisans applaudissaient à tout rompre des paroles insensées et des gestes rocambolesques qu’ils auraient condamnés de la part de n’importe qui d’autre.

Les démocrates n’entameront pas de procédures de destitution sans avoir l’absolue certitude de l’emporter, puisqu’un échec galvaniserait les républicains. S’ils ne peuvent le destituer, l’accumulation des charges contre Trump d’ici à novembre 2020 pourrait leur permettre de le vaincre à l’usure, mais pas nécessairement.

Trump et ses partisans verront cela comme de l’acharnement partisan de la part des démocrates, alors que la répétition des charges risque d’en diluer l’impact à la longue pour l’électeur moyen.
 
Les partisans républicains de Trump perçoivent déjà ses simagrées et ses déclarations d’amour aux dictateurs comme « normales ». Ils finiront peut-être aussi par normaliser les scandales, les crimes et les abus de pouvoir de leur leader, qu’ils préféreront aux gros méchants socialistes démocrates.
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