Incursion dans des milieux de travail «rêvés»
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Vacances illimitées, semaines de quatre jours, voyages payés et massages offerts sur place. À l'instar de Google et Apple, plusieurs entreprises d'ici prennent les grands moyens pour séduire et mobiliser leurs employés.
Est-ce une mode passagère ou assiste-t-on à une révolution du travail?
Pour explorer cette nouvelle réalité, je suis allé à la rencontre de deux entreprises montréalaises, Osedea et GSoft.
En plus des cours de yoga à l'heure du lunch, des fréquentes sorties de groupe et du voyage annuel payé, les 20 employés d'Osedea bénéficient d’un congé rémunéré aux deux semaines. «On veut leur permettre de décrocher un peu afin qu’ils reviennent au bureau plus énergisés», explique Ivana Markovic, gestionnaire du talent et de la culture chez le développeur web situé à Saint-Henri.
Quiconque peut prendre une journée de repos de mardi à jeudi. «Ils doivent communiquer avec les membres de leur équipe pour s’assurer que leur absence ne leur nuira pas, poursuit-elle. Au final, il ne manque que 3 à 5 employés lors des journées de congé donc c’est viable».
«Ça peut paraître comme des coûts importants pour l’entreprise et compliqué à gérer, mais c’est apprécié de tout le monde», avoue Ivana.
Le modèle des semaines de quatre jours est en période d’essai et pourrait changer s’il ne fonctionne pas comme prévu. «On va mesurer l’impact que cette méthode a sur la profitabilité de l’entreprise et ajuster le tir en conséquence».
Néanmoins, elle tient à souligner que le bien-être des employés sera toujours priorisé. «Peu importe si la personne est ici depuis une journée ou 5 ans, on va recueillir ses idées et l’aider à s’épanouir».
GSoft : Des leaders en culture innovatrice
GSoft est un acteur incontournable en termes de culture d’entreprise innovatrice à Montréal. L’entreprise de création de logiciels fondée en 2006 s’est donné comme mission de «révolutionner le monde du travail».
Cette «révolution» et les valeurs qui l'animent sont imbriquées dans les politiques de l'entreprise.
- Vacances illimitées
- Repas fournis
- Barista privé
- Trottinettes et skateboards pour se déplacer
- Rampe de skate dans les bureaux
- Plusieurs aires de repos
«On a une très grande flexibilité et on veut faire confiance aux gens, explique Valérie Gobeil, responsable du développement et de l’apprentissage. «L’objectif est de mettre en place des pratiques qui leur permettent de s’épanouir en étant au travail».
Axer sa culture sur le bien-être en milieu de travail s’est avéré assez fructueux pour GSoft.
Elle a fait partie des 500 entreprises canadiennes ayant connu la plus grande croissance de revenu et de personnel en 2018 selon le magazine Canadian Business. Entre 2012 et 2017, l’entreprise a enregistré une hausse de 963% de revenus et est passée de 5 employés en 2006 à plus de 240 en 2018.
«On veut créer un environnement où les gens aiment venir travailler. C’est sûr que ça l’aide d’avoir une culture forte et plusieurs pratiques pour rendre les gens heureux de rentrer au travail», admet Valérie Gobeil.
Des nuances importantes
Est-ce que ces méthodes garantissent le bonheur des employés? Pas forcément.
Selon des données recueillies par LinkedIn auprès de leurs 500 millions d’abonnés, l’industrie des technologies (logiciel) était celle avec le plus haut taux de roulement d’employés en 2017.
Le San Francisco Business Times a également démontré que, malgré de nombreux avantages pour améliorer le bien-être de leurs employés, une compagnie comme Uber présentait une durée moyenne de rétention de 1,8 ans. À l'autre bout du spectre, Oracle retient son monde pendant près de 8 ans.
L’épanouissement de sa main-d’oeuvre est une tâche plus complexe que l’instauration de programmes bien intentionnés.
Jacques Forest, professeur au département d’organisation et ressources humaines de l’UQAM, relève trois besoins pour assurer l’émancipation d’un employé. «Il doit se sentir compétent, authentique et connecter avec les autres. Les compagnies qui réussissent à apporter ce bien-être à leurs employés vont récolter la performance».
«On voit souvent des entreprises qui adoptent des nouvelles façons de faire pour y arriver, mais nouveau ne veut pas nécessairement dire mieux», nuance le chercheur. «On va s’imaginer que mettre une table de babyfoot, un sofa ou une machine à espresso va magiquement créer un cadre de travail extraordinaire. Mais ce n’est pas le cas».
Le professeur explique que certaines entreprises partent avec de bonnes intentions en instaurant ce genre de pratique, mais «n’appliquent pas ce que la science dit et courent le risque de faire des coches mal taillées» dans leur culture.
«Ce n’est pas tant ce qu’on fait, mais pourquoi on le fait qui est important. N’importe quelle méthode qui est implantée dans le but d’aider la société et optimiser le bien-être des employés devrait avoir un impact positif».
Afin de mesurer l’engagement et la satisfaction des employés dans un milieu de travail, GSoft a créé OfficeVibe. «On envoie 5 questions par semaine aux employés. Les réponses sont ensuite acheminées au gestionnaire à la manière d’un message, qui peut par la suite avoir un dialogue avec l’employé à travers l’outil», dénote Julie Jeannotte, l’experte interne dans l’engagement des employés.
L’équipe derrière OfficeVibe a mis la méthodologie de son modèle à l’épreuve auprès du bureau de pratique de Montréal de Deloitte, spécialisé en engagement des employés, afin de vérifier que les paramètres utilisés étaient scientifiquement valides.
«On fait ça parce qu’on veut véritablement changer le milieu du travail. On croit que tout le monde mérite d’être bien».
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