Climat: le Canada se réchauffe deux fois plus vite que le reste du monde
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OTTAWA | Le Canada se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète, concluent des scientifiques d’Environnement Canada dans un rapport publié lundi.
De 1948 à 2016, la température moyenne annuelle au Canada a augmenté de 1,7 °C, alors que celle à l’échelle mondiale a grimpé d’environ 0,8 °C, selon l’étude présentée à la presse le jour même où la taxe fédérale sur le carbone entrait en vigueur.
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Le processus de réchauffement dans l’Arctique canadien est encore plus exacerbé alors qu’il dépasse de trois fois le taux planétaire, se sont inquiétés les chercheurs. «Au Canada, la perte de la neige et de la glace de mer réduit la réflectivité de la surface, ce qui augmente l’absorption du rayonnement solaire. Ce processus cause un plus grand réchauffement de la surface que dans les régions plus au sud», ont-ils expliqué dans leur étude.
Ce réchauffement rapide ne sera pas sans conséquence. «Cela augmentera la sévérité des vagues de chaleur et contribuera à augmenter les risques de sécheresse et de feux de forêt. Bien que les inondations à l’intérieur des terres soient causées par de multiples facteurs, des précipitations plus intenses augmenteront le risque d’inondation en milieu urbain», peut-on lire dans l’étude.
Advenant que l’humanité continue à produire une quantité élevée de gaz à effet de serre (GES), les épisodes de chaleur extrême pourraient se produire jusqu’à dix fois plus souvent, selon les projections dévoilées. Quant aux pluies extrêmes, elles seraient deux fois plus récurrentes.
Ce scénario d’émissions élevées impliquerait que celles-ci doublent d’ici la fin du siècle et se traduiraient par une hausse globale des températures de 3,7 °C sur Terre.
Moins de glace, plus d’eau
Environnement Canada avertit en outre que la glace sera découverte dans la plupart des régions marines de l’Arctique canadien durant au moins un mois par été d’ici 2050.
Une hausse du niveau de la mer affectera surtout les côtes canadiennes de l’Atlantique et du Pacifique, indique-t-on. Un rapport plus détaillé, qui devrait être publié dans un an, documentera les effets particuliers sur différentes régions du pays.
Le Canada est en voie de rater sa cible fixée en vertu de l’Accord de Paris, évaluait la commissaire à l’environnement l’an dernier. Ottawa s’était engagé à réduire de 30 % ses émissions de GES d’ici 2030 par rapport à leur niveau de 2005.
«Nous sommes dans une trajectoire de réchauffement, ce qui signifie que nous devons faire des choix sur où nous voulons mettre nos efforts», a souligné la directrice de recherche climatique d’Environnement Canada, Marjorie Shepard, lundi.
Elle dit espérer qu’«une meilleure information favorisera l’action la plus efficace» pour lutter contre les changements climatiques.
Les scientifiques estiment que, pour limiter la hausse de la température globale à 2 °C, les émissions de GES doivent plafonner dès maintenant, pour décroître au cours des prochaines décennies afin d’avoisiner zéro émission à la fin du XXIe siècle.