Le Canadien s'est battu jusqu'au dernier souffle
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Il s’en est fallu de peu. Lorsque Pavel Buchnevich a poussé le match entre les Rangers et les Blue Jackets en prolongation, en nivelant la marque avec sept secondes à écouler au troisième vingt, le Québec en entier s’est dit que le destin allait peut-être sourire au Canadien. Finalement, à 21h52, l’élimination du Tricolore était confirmée.
On le croyait mort avant même que la saison ne s’amorce. Pourtant, le Canadien aura été dans le coup jusqu’à l’avant-dernière journée du calendrier régulier.
Difficile de ne pas ressentir de pincement au cœur avec pareil dénouement. On se dit qu’un point grappillé par-ci par-là aurait fait la différence.
On se met à réfléchir aux défaites crève-cœur de la saison et aux victoires bêtement échappées en oubliant que pratiquement toutes les équipes vivent ce genre de revers de fortune au cours d’une saison de 82 matchs. Et que, par conséquent, ça ne pèse pas réellement lourd dans la balance.
Toutefois, lorsque vous ratez l’objectif par un écart aussi mince, il y a lieu de se demander ce qu’on aurait pu faire de mieux. Cette fois, dans son bilan de fin de saison, l’état-major du Canadien ne pourra mettre cette troisième exclusion des séries en quatre ans sur le compte des blessures.
Alors, qu’est-ce qui a cloché?
L’atroce attaque massive
L’incapacité du Canadien à mettre son attaque massive en marche aura été son talon d’Achille tout au long de la saison. Ce taux de conversion de 12,9 % (30 buts en 233 occasions) est son pire en 41 ans d’histoire (la LNH a commencé à compiler cette statistique en 1977-1978). Depuis que le calendrier est passé à 60 matchs (1946-1947), quatre fois seulement le Tricolore a-t-il marqué 30 buts ou moins.
Difficile d’espérer prendre part au tournoi printanier avec une unité aussi inefficace. Les Predators de Nashville (présentement 31e à 12,7 %) sont l’une des exceptions. Ils deviendront seulement la quatrième équipe sur 32 à se qualifier malgré un pourcentage de réussite inférieur à 14,5 % au cours des 14 dernières campagnes.
D’ailleurs, au cours des 81 premiers matchs de la saison, huit fois l’attaque massive du Canadien a été blanchie dans un revers encaissé par la marge d’un but. Quand tu risques de rater les séries par un seul point, ça fait mal de constater que seulement deux buts de plus sur 203 occasions auraient fait une différence.
L’inefficacité d’Antti Niemi
Plusieurs partisans du Canadien en ont voulu à Claude Julien d’avoir fait confiance à Antti Niemi à San Jose. Encore à ce jour, la décision se défend. C’est plutôt l’horrible match du lendemain, une volée de 8 à 2 à Anaheim, qui est inacceptable.
Cela dit, Niemi a connu une campagne pour le moins difficile. Sept fois sur 17 départs, il a donné plus de trois buts. À une autre occasion, son entraîneur l’a envoyé aux douches au terme de 14 minutes de jeu après qu’il eut cédé trois fois sur neuf tirs.
Parmi les 73 gardiens qui ont vu de l’action dans au moins huit matchs, Niemi affiche la troisième moyenne de buts alloués la plus ronflante à 3,78. Son taux d’efficacité de ,887 est également l’un des pires. Contrairement au Finlandais, Mike McKenna (3,99) et Calvin Pickard (3,83) ont changé d’adresse au cours de la saison.
À ce propos, certains ont reproché à Marc Bergevin de ne pas avoir fait l’acquisition d’un auxiliaire fiable à la date limite des transactions.
En fin de compte, ça n’aurait pas fait de différence puisque le Finlandais n’a vu de l’action que dans un seul des 18 matchs à compter du 26 février. La différence aurait sans doute été remarquable en séries éliminatoires, où Price, en raison de la charge de travail, aurait probablement fini par craquer.
La léthargie de Jonathan Drouin
Tout roulait comme sur des roulettes pour Jonathan Drouin au cours des deux premiers tiers de la saison. Après 55 matchs, il affichait 46 points (17 buts, 29 passes) au compteur. Accusant un point de retard sur Max Domi au sommet des pointeurs du Canadien, l’attaquant de 23 ans n’était qu’à sept points d’égaler la meilleure production de sa carrière (53 points, en 2016-2017).
Soudainement, plus rien. Lors des 25 rencontres qui ont suivi, Drouin ne s’est inscrit sur la feuille de pointage qu’à deux occasions : une soirée de quatre points à Detroit et une de deux à Long Island.
Cette léthargie combinée à une déficience au niveau défensif a incité Claude Julien à diminuer son temps d’utilisation. Bergevin a beau dire que Drouin est le troisième attaquant le plus utilisé, en moyenne, depuis le début de la saison, on peut remarquer une cassure flagrante depuis le 19 février, dernière fois où le Québécois a été envoyé sur la surface de jeu pendant plus de 19 minutes.
Jusqu’à cette date, Drouin était le deuxième attaquant de confiance avec un temps d’utilisation de 17 min 39 s. Depuis, il occupe le septième rang à 14 min 55.
On parle du joueur avec les plus belles habiletés de cette équipe. Par conséquent, il est également l’attaquant le mieux rémunéré. Tirer la plug quelques mois pour recommencer en neuf l’automne prochain lui fera sans doute le plus grand bien.
Le passage à vide de cinq semaines
Cette sécheresse de Drouin a coïncidé avec le début de la descente du Canadien. Une chute amorcée contre Toronto, le 9 février, lors d’un revers de 4 à 3 en prolongation. De cette rencontre à celle du 16 mars, inclusivement, le Canadien a maintenu un piètre dossier de 6-10-1 (13 points).
Pendant ce temps, les Bruins (29 pts), les Penguins (24), les Hurricanes (23) et les Blue Jackets (21 pts) doublaient tous le Tricolore.
Du coup, il a chuté du troisième rang de la section Atlantique à la neuvième place dans l’Association de l’Est. Alors qu’il avait six points de priorité sur la neuvième position de l’Association de l’Est, il se trouvait maintenant en recul de trois points par rapport au dernier rang donnant accès aux éliminatoires.
Dire qu’au 31 janvier, le site sportsclubstats.com avait établi à 78,8 % les chances du Canadien de prendre part aux éliminatoires.