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Ottawa interdit l’usage de certains pesticides «tueurs d’abeilles»

Ottawa interdit l’usage de certains pesticides «tueurs d’abeilles»
Photo le Journal de Montréal, Jean-François Desgagnés

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OTTAWA – Santé Canada a annoncé jeudi de nouvelles interdictions dans l’usage des insecticides dits «tueurs d’abeilles», des restrictions jugées laxistes par les groupes environnementaux.

Trois types de pesticides de la famille des néonicotinoïdes ne pourront plus être pulvérisés sur certaines cultures régulièrement fréquentées par les abeilles et autres insectes pollinisateurs, a-t-on fait savoir.

Or, ces mesures ne s’appliqueront que dans deux ans ou, dans certains cas, trois ans. Des types d’utilisation de ces insecticides seront en outre toujours permis parce que Santé Canada juge que ceux-ci ne comportent pas de «risques inacceptables» pour les abeilles.

«C’est vraiment en deçà des attentes minimales qu’on pouvait espérer», a dit le porte-parole de l’Alliance pour l’interdiction des pesticides systémiques (AIPS), Pascal Priori.

Parmi les recours aux néonicotinoïdes qui ne sont pas couverts par les interdictions de Santé Canada, on retrouve la pratique «répandue» de l’enrobage des semences, a relevé celui qui collabore aussi comme chercheur au Centre en sciences de la biodiversité du Québec.

«C’est une technique qui a été développée pour faire une sorte que tous les grains sont systématiquement enrobés. [...] On utilise un pesticide de façon préventive sans même savoir s’il y a une menace réelle», a-t-il dit.

Cette méthode, employée dans les plantations de canola, de soja et de pommes de terre, entraînerait une contamination des eaux avoisinantes et des plantes qui poussent dans les environs. Les abeilles et les insectes pollinisateurs peuvent donc se retrouver en contact avec des plantes contaminées, selon M. Priori.

Pourtant, Santé Canada souligne, par communiqué, vouloir réduire «au minimum leur exposition aux pesticides». Les mesures annoncées surviennent après qu’une évaluation scientifique eut déterminé que les «néonics» étaient parfois absorbés par les plantes pour se retrouver dans le nectar et dans le pollen.

Le fédéral a aussi identifié des risques pour certains insectes aquatiques. Sa décision définitive sur d’éventuelles restrictions à ce chapitre n’est toutefois attendue qu’en janvier 2020.

«Les conclusions [...] sur les semences enrobées s’inscrivent en faux contre des évaluations semblables de l’Union européenne qui confirment les risques pour les abeilles dans toute forme d’utilisation des néonicotinoïdes», a pesté la directrice des relations gouvernementales chez Équiterre, Annie Bérubé, par communiqué.

On souligne également que le Canada accuse un sérieux retard par rapport à d’autres pays.

La France a banni l’usage de l'entièreté des «néonics» – une dizaine au total – l’été dernier. L’Union européenne interdit totalement le recours à trois d’entre eux.

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