«Aidez-nous à garder notre ville propre!»
1964
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Un point de vue disparu
Le majestueux édifice de la Sun Life trône sur l’avenue Dorchester, l’actuel boulevard René-Lévesque. L’un des bâtiments emblématiques du centre-ville, il raconte nombre d’histoires. On a conservé dans ses profonds sous-sols une grande partie de la fortune de la Grande-Bretagne lors de la Seconde Guerre mondiale, fortune transportée via l’opération « Fish », classée ultra-secrète. Ses couloirs abritent aussi le siège social de la Ligue nationale de hockey jusqu’en 1977. Mais une autre belle tour lui fait de l’ombre depuis peu, la fameuse Place Ville Marie. Inauguré il y a à peine deux ans, l’édifice en forme de croix fait entrer le centre-ville dans l’ère moderne. Quelques années plus tard, à la fin des années 1960, la 5e tour de la Place Ville Marie impose désormais sa façade de verre au regard des promeneurs. On ne verra plus jamais le Sun Life de la même façon.
Propre, par tous les moyens !
« Aidez-nous à garder notre ville propre ! », un slogan qu’on associe encore aux efforts de propreté d’une ville. Montréal l’utilise déjà, mais en 1964, elle en fait une campagne manifestement plus imposante. Dans les quartiers, on voit circuler des véhicules d’entretien à l’apparence distinctive ! Qu’il s’agisse de balayer les rues avec un camion muni de balais rotatifs ou de ramasser les ordures, une flotte dernier cri se met en service. Les camions éboueurs sont pourtant blancs depuis au moins les années 1950. Leurs services ne sont pas nouveaux pour autant : dès 1864, la Ville songe à confier des contrats à des « balayeurs licenciés » ! Cent ans plus tard, la campagne de 1964, qui arbore une affiche en vert et jaune, adjoint aux nouveaux véhicules les services d’une flotte de vélos triporteurs bien identifiables ! Les préposés de la voirie peuvent ainsi parcourir des voies et passages de la métropole où les plus gros véhicules n’ont pas accès.
Les derniers jours du Red Ensign
Comme aujourd’hui, l’esplanade de la Place Ville Marie arbore une série de drapeaux, dont ceux du Canada et du Québec. Ne cherchez pas l’Unifolié auquel nous sommes habitués, il n’existe pas encore. Il sera en effet adopté l’année suivante, en 1965. Mais ce processus aura été long et fastidieux. Plusieurs ébauches sont proposées, à trois branches, à bandes bleues, à feuille dorée, sans jamais faire l’unanimité. Il n’est en effet pas simple d’adopter, pour la première fois, un drapeau national qui remplacerait l’ancien Red Ensign, le pavillon de la marine marchande britannique orné des armoiries canadiennes, le drapeau non officiel du Canada depuis au moins 1892. Au début des années 1960, Lester B. Pearson souhaite doter le Canada d’un drapeau distinctif qui ne marque pas l’appartenance à la Grande-Bretagne. On doit d’ailleurs le tracé stylisé de la feuille d’érable au Québécois Jacques Saint-Cyr.