La mission sur la montagne
1930
Coup d'oeil sur cet article
Un fort et une mission
Ces deux belles tours ne sont pas des imitations ! Elles sont parmi les bâtiments les plus anciens de l’île de Montréal et de rares vestiges quasi intacts du régime français. On le voit ci-dessous sur ce plan ancien, ce sont les tours sud d’un fort bâti en 1685, le Fort de la Montagne, quelque 40 ans après la création de Ville-Marie. Les « Messieurs de Saint-Sulpice », seigneurs de Montréal, dirigent depuis quelques années une mission chrétienne où l’on rencontre entre autres Marguerite Bourgeoys et ses élèves ainsi que plusieurs familles iroquoises et huronnes, converties au catholicisme. Ce sont ces familles, venues s’installer sur les pentes de la montagne vers 1670, qui auraient motivé l’établissement de la mission. Environ 120 habitations leur sont réservées à l’ouest du fort. En 1694, un coup de fusil malheureux cause un incendie qui détruit les habitations et force le déménagement de la mission au Fort Lorette du Sault-au-Récollet. La mission se déplace ensuite à Oka, où le village deviendra plus tard Kanesatake.
Un lieu de vie modeste
Surprenant, mais malgré leurs fenêtres en meurtrières, des gens ont résidé dans ces lieux modestes. Personne ne vit plus dans les tours de nos jours ! Vers les années 1690, la Congrégation de Notre-Dame utilise la tour ouest pour faire l’école aux enfants qu’ils côtoient déjà dans la mission voisine. La tour est est réservée aux sœurs. Marguerite Bourgeoys avait fondé sa première école en 1658, dans une ancienne étable, on s’en souvient. L’école qu’elle fonde à la mission, d’abord dans une cabane de bois puis dans la tour ouest, vient s’ajouter à son œuvre d’enseignement, qu’elle a souhaité gratuit dès le départ. La tour est petite : deux religieuses y sont à l’étroit. Ce régime de vie frugal témoigne des volontés de mère Bourgeoys : « Pour pouvoir instruire gratis, les Sœurs se contentent de peu, se privent de tout et vivent partout pauvrement. »
Entrer au Séminaire
Tout jeune homme montréalais qui souhaite devenir prêtre doit passer par ces murs. Depuis 1857, le Grand séminaire de Montréal est le lieu de formation pour les officiants du diocèse de Montréal. L’édifice est une construction de l’architecte John Ostell, à qui l’on doit plusieurs édifices importants de Montréal, dont l’ancienne douane de la place Royale ainsi que les clochers de la basilique Notre-Dame. Il est voisin du Collège de Montréal, l’une des plus vieilles institutions d’enseignement de la ville. Le Grand Séminaire a formé plus de 8000 prêtres dans son histoire et continue à recevoir des élèves. En 1907, 135 séminaristes étaient accueillis, un chiffre impressionnant face aux trois prêtres ordonnés en 2016. La crypte, sous une remarquable chapelle, accueille aussi les dépouilles de 135 anciens sulpiciens qui y ont été transférés depuis la basilique Notre-Dame. Depuis 2018, on peut même visiter l’établissement et les tours du Fort de la Montagne !