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Air Canada, délinquant numéro 1 des services en français

Bloc avion Air Canada
Photo d'archives, Chantal Poirier

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La vente possible de la québécoise Air Transat à Air Canada pourrait être de bien mauvais augure pour ses passagers francophones, habitués à un service impeccable dans la langue de Molière.

D’une année à l’autre, pas d’exception: Air Canada arrive encore et toujours en tête parmi les entreprises ayant fait l’objet du plus grand nombre de plaintes au Commissariat aux langues officielles du Canada.

Le commissaire Raymond Théberge a traité l'an dernier pas moins de 105 plaintes visant Air Canada, contre 82 visant la Défense nationale et 65 visant l'Agence canadienne des services frontaliers, qui assure la sécurité dans les aéroports.

Invariablement, Air Canada fait valoir qu’elle détient un «plan d’action» en matière de respect de ses obligations linguistiques. Et qu’elle est la seule, parmi les grands transporteurs canadiens, qui soit forcée d'offrir du service en français.

À l’opposé, Transat, fondée par des Québécois, a toujours fait de l’offre de services de qualité, peu importe la langue officielle, l’une de ses marques de commerce, souligne Stéphanie Chouinard, professeure de politique à l’Université Queen’s.

«Air Canada, c’est un des pires élèves en matière de services en français au Canada. Certains ont même dû se rendre jusqu’en Cour suprême pour faire respecter leurs droits», rappelle-t-elle.

«C’est sûr que la vente éventuelle de Transat à Air Canada crée un malaise chez plusieurs francophones, parce que ça risque d’avoir des répercussions [néfastes]», dit-elle.

«Il ne faudrait surtout pas que Transat prenne les mauvais plis d’Air Canada», ajoute-t-elle.

En 2016, Air Canada avait fait l’objet d’un rapport spécial du commissaire aux langues officielles de l’époque, Graham Fraser. Il s’était dit complètement impuissant face à l’inaction de la compagnie aérienne.

«Après des centaines d’enquêtes et de recommandations, après une vérification exhaustive et après deux recours, dont l’un jusqu’à la Cour suprême du Canada, force est de constater que mes multiples interventions, à l’instar de celles de mes prédécesseurs, n’ont pas donné les résultats souhaités.»

Air Canada se défend

En réponse aux questions du Journal, Air Canada affirme « poursuivre son engagement à servir (sa) clientèle dans la langue officielle de (son) choix ».

Depuis 2017, « environ 50 % » des nouveaux employés d’Air Canada pourraient s’exprimer dans les deux langues, selon l’entreprise.

«Chaque année, la société aérienne investit plus d’un million de dollars dans la formation, offre à ses nouveaux employés des séances de sensibilisation et met en valeur ses programmes de formation linguistique pour familiariser les employés avec son offre active de services bilingues», note la porte-parole Isabelle Arthur.

Plus de 2 400 employés auraient suivi des cours de français en 2018. Soulignons que certains se sont vus forcés de le faire à la suite de décisions du Commissariat aux langues officielles. 

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