Propriétaires de chiens, vivement du civisme svp!
Deux événements impliquant des chiens et des gens que j’aime se sont produits à quelques jours d’intervalle. À l’heure où on n’a jamais dénombré autant de chiens au Québec - un million , qui causent 164 000 morsures par année - je me dis qu’il est grand temps que l’on aborde de front la question du manque de civisme de certains propriétaires de chiens.
J’étais tout juste en train de mettre le point final au texte de mon article de blogue lorsque j’ai entendu à la radio que Québec va encadrer les chiens dangereux. Encore une fois, la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, fait preuve d’un leadership qui l’honore et ose intervenir dans un dossier pour lequel ses prédécesseurs sont restés figés comme des individus apeurés devant une bête qui montre les crocs. Il faut dire qu’un certain lobby «pro-toutous» jappe fort.
Avec autant de chiens dans notre société, il est nécessaire d’apprendre à mieux cohabiter entre animaux et humains.
Dernièrement, mon amie Michelle, compagne de course à pied, a été attaquée par un chien en faisant son jogging dans une petite rue paisible de Charlevoix.
Rien à voir avec l’agression sauvage d’une femme par trois chiens à Potton , une attaque qualifiée de «véritable massacre» par les premiers répondants, mais tout de même.
Un bout de fesse arraché et la peur de sa vie.
Le chien, qui n’était pas attaché, a surgi de la cour de son maître pour s’élancer vers la mère de famille et la mordre violemment. Après la morsure, l’animal de la taille d’un labrador, a continué à grogner en montrant les crocs. Mon amie, qui criait «à l’aide», a réussi à alerter la propriétaire, qui est sortie de chez elle pour venir récupérer sa bête.
Comble du manque de savoir-vivre, la propriétaire du chien s’est mise à réprimander Michelle, car «elle était trop énervée».
La hantise des coureurs
Se faire attaquer par un chien est la hantise de nombreux coureurs, surtout quand on aime s’entraîner à la campagne, loin de la circulation.
Plusieurs sportifs ont d’ailleurs raconté leurs mésaventures avec des petits amis à quatre pattes à la suite de l’article de blogue de Frédéric Plante, animateur à RDS , publié après la triste attaque de Potton, qui laissera la coureuse avec de nombreuses séquelles.
En ville aussi
Peu de temps après l’attaque de Michelle, c’est mon fils de 4 ans qui a passé tout près de se faire «snipper».
Cette fois, ça se passait en ville sur une rue bondée de flâneurs en un beau dimanche après-midi ensoleillé. Le chien de petite taille a voulu mordre fiston, qui croisait sa route. Heureusement, il était tenu en laisse et sa maîtresse a eu le réflexe de tirer l’animal vers elle.
Ces histoires m’amènent à me questionner sur le vivre-ensemble. Comment ne pas faire payer aux autres le plaisir de posséder un ami poilu?
Comportements irresponsables
J’ai posé la question à Carl Girard, directeur de la SPA des Cantons.
L’amoureux des animaux va dans les écoles avec son chien pour faire de la prévention contre les morsures.
Je l’avais déjà interviewé dans le cadre d’un documentaire que j’ai réalisé sur le bilan pathétique des Québécois en matière d’abandons et de maltraitance à l’égard des animaux de compagnie.
Carl se dévoue entièrement à la protection et à la défense des animaux. Ce qui ne l’empêche pas d’être très critique à l’égard des trop nombreux propriétaires de petites bêtes qui manquent de civisme.
Primo, de son point de vue, quand ta cour n’est pas clôturée, que tu vives en ville ou dans le fond d’un rang, ton chien doit être attaché, point final.
«Ce qu’a vécu ton amie qui joggait est un cas de prédation. La plupart des chiens peuvent avoir ce comportement. Ils réagissent par instinct. Si un propriétaire te garantit que son chien ne mordra jamais, c’est un clown ou un menteur!»
Secundo, un chien n’a pas sa place sur une rue noire de monde ou dans une fête de quartier.
«Je possède mon chien depuis 9 ans. Il a rencontré au moins 5000 élèves et jamais je ne l’amènerais dans une rue passante. Par respect pour l’animal d’abord. Tu as toujours des gens qui s’approchent hyper rapidement, les mains en l’air. La bête risque de se défendre. Il faut arrêter de projeter sur le chien un comportement humain. Ce n’est pas un humain, c’est un animal!», martèle Carl Girard avec passion.
«À défendre l’indéfendable, on nuit à la cause animale»
Le directeur de la SPA des Cantons plaide pour que les propriétaires de chiens soient davantage tenus responsables des actes de leurs bêtes.
Il s’attriste de savoir que mon amie Michelle n’a pas porté plainte à la police.
«Le jour où les maîtres seront accusés au criminel pour les agressions commises par leurs bêtes, vous allez voir que les chiens seront attachés et porteront une muselière dans les lieux publics. Ça va aider la cause animale. À vouloir défendre l’indéfendable, on nuit à la cause animale.»
Si on ne veut pas en venir là, que la société traite les propriétaires de chiens irresponsables en criminels, reste la réflexion et la discussion pour enclencher une réelle prise de conscience...