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Au coin de Saint-Jacques et Inspector

Années 1930

Avant Après
Photo courtoisie, Archives de la Ville de Montréal, VM94-Z19.
Photo Martin Chevalier

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Au carrefour Saint-Jacques et Inspector

Tout le monde connaît la rue Saint-Jacques, mais l’actuelle rue de l’Inspecteur (« Inspector », à l’époque) est nettement moins connue, et pour cause. Ce carrefour grouillant n’existe plus ! La rue se poursuit plus au sud de nos jours, mais le réaménagement des routes et des voies ferrées du secteur a transformé le paysage de Griffintown dans les années 1950. La rue Inspector, qui se trouvait dans le prolongement de l’avenue Mansfield, est alors sectionnée. Et puis, qui est cet inspecteur ? Il s’agit de nul autre que Jacques Viger, l’inspecteur des chemins quand la rue est créée en 1813. Il est en fait le seul fonctionnaire de la ville ! Montréal est dirigée par des juges de paix jusqu’à son incorporation, en 1833. Jacques Viger devient alors le premier maire de la ville... et continue d’être l’inspecteur des chemins !

Hauteurs à l’horizon

Au loin, dans l’axe de la rue Inspector, un clocher. Disparu de nos jours, il indique l’emplacement de l’église St-Edward, dédiée au culte anglican pour les résidents britanniques et irlandais de Griffintown. Elle est voisine de l’église catholique Sainte-Hélène, et l’ensemble fait pratiquement face au square Chaboillez, le cœur du quartier. Elles sont donc à proximité de la brasserie Dow. Paradoxalement, comme d’autres églises, elles hébergent probablement une société de tempérance destinée à dissuader la consommation d’alcool et à venir en aide aux familles touchées par l’alcoolisme. Le seul bâtiment de cette image qu’on peut toujours voir aujourd’hui est ce curieux édifice de forme triangulaire, le Rodier, du nom d’un des propriétaires du lot. On y trouve alors la pharmacie Leduc et des logements. Plusieurs auront connu l’époque où on s’y rendait pour visiter le détaillant d’articles de sport « le Baron » ! Le Rodier, sauvé de l’oubli, accueillera en 2019 un incubateur d’entreprises culturelles.

La Canadian Johns-Manville Co., fleuron d’Asbestos

Certains murs de la ville gardent encore la trace d’immenses publicités peintes, destinées à rester longtemps dans l’œil du public. Celle qu’on aperçoit ici annonce la compagnie minière Canadian Johns-Manville Co., qui loge justement dans ce même bâtiment et qui cherche peut-être à attirer vers Asbestos des chômeurs montréalais. En effet, même en temps de crise, la ville d’Asbestos consent à soutenir l’entreprise qui est son moteur économique quasi exclusif et son principal fournisseur d’électricité. La population de cette municipalité a doublé entre 1911 et 1931. Ses quelque 4300 âmes travaillent en grand nombre dans l’industrie de l’amiante, en anglais asbestos, qui donne d’ailleurs son nom à la ville. On connaît mal, à cette époque, les risques associés à ce minerai exploité pour ses propriétés isolantes et ignifuges. John Manville, patron de l’entreprise, gardera d’ailleurs confidentiel un rapport de 1943 reliant l’amiante aux risques de certains cancers et maladies pulmonaires, maladies dont se plaignaient ses employés depuis quelques années déjà.

 

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