Ils parcourent les festivals du Québec avec leur studio roulant pour faire rayonner la musique émergente
À la base un studio d’enregistrement mobile, le Mixbus offre plusieurs services comme la captation vidéo de performances d’artistes, la postproduction sonore et même celui de party bus, où public et musiciens peuvent faire la fête pendant les festivals.
Le Mixbus n’était pas destiné à devenir une business au départ. «Je voulais vivre la van life et sortir du système», confie Jacob Pomerleau, instigateur du projet.
Avec l’aide de sa famille et de ses amis, le Beauceron de 27 ans a entamé l’aménagement d’un autobus scolaire usagé. «Pour moi, c’était primordial qu’il y ait un studio d’enregistrement parce que je tripe trop sur la musique», raconte l’ancien étudiant en montage sonore.
«J’ai réalisé que je pourrais rentabiliser le concept et j’ai eu l’idée du Mixbus».
À l’aide de quelques subventions, l’entrepreneur a mis sur pied son véhicule nouveau genre. «Le bus m’a coûté environ 16 000$ sans compter les ajouts que j’ai dû faire pour créer le studio comme l’achat de logiciels ou de haut-parleurs», souligne-t-il. Il estime avoir déboursé 30 000$ pour la métamorphose du Mixbus.
Le bolide sert également de maison roulante pour Jacob.
Des panneaux solaires et un poêle à bois aident à lui procurer le confort adéquat pour que le Christopher McCandless québécois (le gars de Into the Wild) puisse vivre où bon lui semble, peu importe la saison.
En avril dernier, Isabelle Langlois, la copine de Jacob, s’est jointe au projet pour s’occuper du booking des artistes et de la coordination avec les festivals.
La diplômée en communication de l’UQAM de 26 ans a quitté l’univers de la télévision pour consacrer ses énergies à temps plein à l’entreprise. «Ça m’a tout de suite allumée et je n’ai pas hésité à embarquer», confie-t-elle.
Faire rayonner la musique émergente
Après une première saison à explorer les routes du Québec, le géant coloré entamera sa deuxième escapade estivale aux quatre coins de la province sous peu. «On veut vraiment faire rayonner la culture musicale émergente, donc on remplit notre calendrier le plus possible», explique Isabelle.
Depuis sa création en juillet 2018, le Mixbus a foulé le sol d’une dizaine de festivals, enregistré plus de 25 live sessions et produit des chansons pour une trentaine d’artistes, dont Hubert Lenoir et Philippe Brach. «On aimerait en faire encore plus cette année».
Premier arrêt sur leur liste: le festival L’Alternative à Thetford Mines du 6 au 8 juin. «À partir de là, on est bookés toutes les fins de semaine», précise-t-elle. Après la ville minière, léger retour vers Montréal pour le festival Beside et ensuite, cap sur la Gaspésie pour le festival BleuBleu à Carleton-sur-Mer.
Un «trip de jeunesse» avec son lot de défis
Entre les festivals, le couple en profitera pour enregistrer des artistes émergents et ainsi rentabiliser davantage l’épopée. «On leur propose des package deals: la production d’un EP, un photoshoot et une captation en live d’une performance pour un prix fixe», ajoute Jacob.
Pour le moment, le duo ne roule pas sur l’or. «Les gens pensent souvent qu’on est bien subventionnés et qu’on fait assez d’argent pour offrir nos services gratuitement, mais ce n’est pas le cas. Parfois, il y en a qui font le saut quand on leur parle de prix», confie Isabelle.
Les tarifs sont d’ailleurs déterminés selon plusieurs facteurs, comme le nombre de services demandés, le nombre de personnes et le lieu de la performance.
«On réinvestit pas mal d’argent dans le bus pour acheter du meilleur équipement ou payer de la publicité», poursuit Jacob.
«Cependant, il faut reconnaître que ça nous coûte beaucoup moins cher vivre de cette manière que si on était en appart à Montréal», nuance Isabelle, qui emménagera dans le bus pour de bon sous peu.
Dans un futur rapproché, les entrepreneurs aimeraient ajouter une dimension sociale au Mixbus .
«On voudrait être en partie un OSBL et ainsi redonner à la communauté, explique Isabelle. L’un de nos objectifs est de démocratiser la production musicale à travers le Québec et montrer aux jeunes qu’on peut avoir un mode de vie alternatif viable».
L’avenir reste incertain, mais excitant pour Isabelle et Jacob. «On ne sait pas encore où on se dirigera à la fin de l’été. Il y a une multitude de projets qui nous intéressent», explique Isabelle.
Parmi eux, la possibilité de faire une tournée avec un cowboy végane aux États-Unis pour «sensibiliser les rednecks» dans leurs habitudes de consommation. «C’est un peu fou, mais ça nous tente!»
Jacob ne cache pas qu’il aimerait bien avoir un studio immobile un de ces quatre sans pour autant abandonner le Mixbus. «Je voudrais avoir une équipe dédiée au Mixbus et peut-être même un stage mobile pour pouvoir faire des shows un peu partout», explique-t-il.
Isabelle s’imagine aisément diriger une auberge multidisciplinaire où les clients pourraient avoir accès aussi bien à des classes d’enregistrement sonore qu' à la permaculture.
«Bref, rien n’est sûr et on vit un peu au gré des saisons, conclut Jacob. Mais c’est un méchant beau trip de jeunesse».