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Toujours plus de pesticides

Dans les régions agricoles du sud du Québec, ils constituent un risque «important» pour les espèces aquatiques

Quebec
Photo d'archives, Stevens LeBlanc La rivière Chaudière

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La concentration des pesticides dans les rivières des régions agricoles du sud du Québec représente un « risque important » pour les espèces aquatiques, selon une étude du ministère de l’Environnement.

Ce document établit notamment qu’entre 2015 et 2017, les concentrations de deux sortes d’insecticides néonicotinoïdes, qui sont toxiques pour les abeilles, ont dépassé les critères de qualité de l’eau pour la protection des espèces aquatiques (CVAC) dans 79 % à 100 % des échantillons. Ceux-ci sont prélevés dans des rivières situées dans des régions cultivant à grande échelle le maïs et le soya.

Le glyphosate, considéré par l’Organisation mondiale de la santé comme un « cancérigène probable », est le pesticide qui a été le plus souvent détecté, soit dans 97,7 % des échantillons. À titre de comparaison, pour la période 2011-2014, ce taux était de 91 % et de 86 % pour 2008-2010. En tout, 24 types de pesticides différents ont été prélevés dans les différents échantillons.

« Leur présence grandissante dans les cours d’eau illustre les échecs des tentatives de réduction des pesticides », déplore Nadine Bachand, chargée de projet en pesticides chez Équiterre.

Cocktail dangereux

Le rapport souligne aussi que les critères de qualité de l’eau « ne tiennent donc pas compte d’éventuels effets [...] de plusieurs produits présents en même temps » dans les cours d’eau.

« Il y a des inquiétudes, surtout sur la présence d’un cocktail des pesticides dans l’eau, explique Mme Bachand. Ce n’est pas évalué quand on approuve un pesticide au Canada, alors quand on regarde la science qui commence à étudier le sujet, on se rend compte que parfois ça augmente la présence simultanée de produits. Ça peut décupler leurs effets. »

Ruissellement

Les résultats de cette étude révèlent aussi que la contamination des cours d’eau est « intimement liée aux épisodes de pluie ». En effet, la plus grande partie des pesticides ruissellent vers les cours peu après leur application, avant que les premières pousses n’apparaissent.

« Dans 90 % ou 95 % des cas, on n’a pas besoin d’enrober les semences de néonicotinoïdes », souligne Mme Bachand.

Elle estime que le gouvernement doit accompagner les agriculteurs vers des solutions plus responsables, comme l’utilisation des pesticides en dernier recours. « Ils sont pris dans un système qui les rend dépendants des produits agrochimiques. »

Le choix des rivières analysées

  • Dix stations d’échantillonnage forment un réseau permanent
  • Quatre de ces stations sont à proximité de cultures de maïs et de soya
  • Les rivières Chibouet, des Hurons, Saint-Régis et Saint-Zéphirin sont suivies depuis 1992
  • En 2015-2017, 15 autres rivières ont été suivies dans un réseau temporaire (voir carte)
  • Des pesticides ont été détectés dans toutes ces rivières
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