Le Grand Prix du Canada a-t-il autant de retombées?
Des experts remettent en question l’impact économique réel de l’événement
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Le Grand Prix du Canada attire chaque année les foules et les millions de dollars, mais des experts commencent à émettre des doutes quant aux retombées économiques évoquées par les organisateurs et les gouvernements.
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Jusqu’à dimanche, des milliers de touristes, pour la plupart de l’extérieur du Québec, vont affluer vers Montréal à l’occasion de la grande fête de la Formule 1. Ils dépenseront en moyenne près de 1000 $ en hébergement, restaurants et sorties en tous genres.
«C’est l’événement touristique le plus important au Canada, et celui qui rapporte le plus en aussi peu de temps au Québec», se félicite Pierre Bellerose, porte-parole de Tourisme Montréal.
Des événements comme le Festival international de jazz de Montréal s’en rapprochent, mais ils s’échelonnent sur une dizaine de jours plutôt qu’un week-end, dit-il.
«C’est presque aussi important que Noël pour plusieurs commerçants. Et c’est un événement en forte croissance qui attire sans cesse plus de gens», poursuit-il.
Les hôtels affichent quant à eux un taux d’occupation avoisinant les 100 %, pour un prix moyen de 425 $ la nuit, confirme Ève Paré, de l’Association des hôtels du grand Montréal.
Comme le Groupe de course Octane, organisateur du Grand Prix, les deux organismes citent une étude de 2016 pour chiffrer les retombées économiques de l’événement à 42 M$. Mais au fil des années, des impacts de 71 M$ et de 89 M$ ont aussi été évoqués.
Un attrape-nigaud?
Le concept même de retombées économiques est loin de faire l’unanimité. Enseignant à HEC Montréal, l’économiste Germain Belzile parle carrément d’un « attrape-nigaud ».
«Les chiffres avancés pour un événement comme la Formule 1 sont complètement bidon. Les études de retombées économiques sont un outil utilisé, notamment par le gouvernement, afin de justifier des subventions», soutient celui qui est également chercheur à l’Institut économique de Montréal.
«Quand on pense aux touristes québécois, il faut se dire que s’ils dépensent leur argent ici, ils ne le feront pas à Sherbrooke ou à Québec, par exemple. Par contre, le touriste étranger a, lui, un effet de retombée. C’est cela qu’on devrait mesurer.»
2009 a fait mal
Titulaire de la Chaire de tourisme Transat de l’UQAM, Paul Arseneault juge également qu’on fait « dire beaucoup de choses aux retombées ». Mais il rappelle les conséquences désastreuses de l’annulation du Grand Prix en 2009.
«Non seulement les hôtels ne s’étaient pas remplis, mais le prix moyen des chambres était inférieur et les touristes avaient pris beaucoup plus longtemps à affluer vers Montréal», a-t-il dit.
Cette annulation aurait fait perdre 40 M$, dont 25 M$ aux hôtels.
Quelques chiffres
- 66 M$ dépensés par les touristes et les organisateurs
- 8,1 M$ en revenus fiscaux aux gouvernements
- 93 273 spectateurs
- 640 emplois créés ou maintenus
Source: Grand Prix du Canada