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Plus envie d’être proprios

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On assiste présentement à des hausses de prix des loyers et à une baisse des taux d’inoccupation. Résultat : plusieurs familles n’ont toujours pas de toit depuis le premier juillet. Les débats sur l’accès au logement ont donc repris de plus belle.

Les données suggèrent que l’offre de logements locatifs n’augmente pas au rythme de la demande. Les lobbys des locataires cherchent, depuis des lunes, des coupables pour expliquer cette tendance lourde.

Au banc des accusés

On a d’abord ciblé la conversion d’immeubles locatifs en copropriétés divises, que l’on a catégoriquement limitée par un moratoire.

Le moratoire a été contourné, spécialement par la construction de copropriétés indivises.

Plutôt que de construire de nouveaux logements locatifs, les promoteurs se sont lancés dans le secteur du condo neuf. Une tendance qui s’est étendue jusqu’à d’anciennes zones industrielles.

On a ensuite forcé les promoteurs de condos à inclure des « logements sociaux » dans plusieurs projets.

On a aussi subventionné la création de coopératives de logements, parfois occupées par des ménages financièrement aisés.

Mais la crise continue.

Le coupable du jour est bien entendu Airbnb.

Le géant priverait le Québec de milliers de logements.

Petits proprios

Les défenseurs du droit au logement demandent, avec raison, une nouvelle vague de réglementation pour protéger le logement locatif.

Mais ils ferment les yeux sur un aspect crucial du problème.

Les propriétaires de logements ne sont pas des milliardaires.

Une part importante d’entre eux sont des familles de la classe moyenne. Ils possèdent quelques logements en guise de fond de retraite. Ce sont des gens normaux qui, au lieu d’avoir un gros REER, ont investi dans la brique.

Ces plus petits propriétaires sont de moins en moins intéressés à avoir des locataires. La réglementation des prix des loyers ne leur permet souvent pas de rentabiliser les rénovations. Les recours à la régie du logement leur rendent la vie impossible.

Et ils vivent dans l’angoisse de retrouver leur logement dans un état lamentable au 1er juillet.

Alors ils contournent les règles et se tournent vers Airbnb.

Peut-on vraiment les blâmer ?

Un compromis

Les propriétaires demandent un retour du balancier : l’établissement d’un dépôt de sécurité payé par les nouveaux locataires.

Les modalités d’une telle mesure pourraient être négociées de façon à en faciliter le paiement. Il pourrait être versé mensuellement, par exemple, pendant la première année de location. Et il pourrait être protégé par la Régie du logement.

Cette mesure serait à l’avantage des bons locataires, une majorité qui paie trop souvent pour les autres.

Les propriétaires doivent présentement souscrire à une assurance pour dommages causés. Ces frais sont partiellement refilés à tous les locataires, même les bons. Lorsque les propriétaires paient les dommages de leurs poches, les bons locataires finissent aussi, indirectement, par payer.

Les propriétaires ne couvriront jamais entièrement leur risque avec un dépôt d’un mois ou deux.

Ce n’est d’ailleurs pas ce qu’ils demandent. Ils désirent responsabiliser les locataires délinquants qui détériorent leur patrimoine.

Ce n’est pas tant demander.


► Jean-Denis Garon est professeur à l’ESG UQAM.

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